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Diana Ross, diva soul-disco par intermittence au Montreux Jazz

La chanteuse américaine Diana Ross, ici sur scène au Glastonbury Festival en Angleterre, le 26 juin 2022. (Pas de droits photos au Montreux Jazz Festival). [KEYSTONE - JON ROWLEY/EPA]
La chanteuse américaine Diana Ross, ici sur scène au Glastonbury Festival en Angleterre, le 26 juin 2022. (Pas de droits photos obtenus au Montreux Jazz Festival). - [KEYSTONE - JON ROWLEY/EPA]
L’emblématique chanteuse américaine de 78 ans a fait halte à Montreux samedi soir dans le cadre de son "Thank You Tour" en forme d’adieu à la scène. Entre tubes disco-soul imparables, récentes chansons pop et soucis d'oreillette, Diana Ross n'a entièrement séduit que durant quelques fulgurances.

La section des quatre cuivres, les six autres musiciens et quatre choristes sont déjà prêts à en découdre sur la scène de l'auditorium Stravinski tandis que résonnent les notes d'une grandiloquente partition. Les instrumentistes comme le public applaudissent déjà Diana Ross, l'une des dernières icônes vivantes de l'histoire de la musique noire américaine qui préfère en cette fièvre de samedi soir se laisser encore un peu désirer.

La chanteuse entre en piste en esquissant quelques pas de danse sur "I’m Coming Out", tube eigthies imparable qui avait jadis propulsé l'ex-diva soul-pop en reine impériale du disco grâce aux bons soins de Chic. Le show débute à un train d'enfer.

Dans sa robe noire à motifs colorés surmontée d'une cape orange à franges, Diana Ross chante d'une voix claire et assurée le sourire aux lèvres, rayonne, visiblement heureuse d'être à Montreux pour ce qu'elle indiquera plus tard être l'ultime concert de sa tournée européenne de six semaines, passée notamment par le Glastonbury Festival en Angleterre ou la veille par le North Sea Jazz Festival de Rotterdam.

L'amour est roi, Diana Ross sa Cupidon

Suivent une version très pop de "More Today Than Yesterday" des Californiens Spiral Starecase, et "Baby Love", classique du trio The Supremes qui l'a révélée dans les années 1960. Un retour à la Motown et son sentimentalisme pailleté que la native de Détroit choisit d'embellir successivement par "Stop! In the Name of Love", "You Can’t Hurry Love", "Love Child" et "My World Is Empty Without You", passant ainsi par l'étape Diana Ross & The Supremes.

L'amour est roi, Diana Ross sa Cupidon. Tout au long de sa prestation, elle lancera des "I Love You" pour souligner son message humaniste appuyé à plusieurs reprises sur scène par des enfants et adolescents (membres de sa tribu élargie?), ainsi que par des coeurs dorés et scintillants sur les écrans latéraux.

Si sa voix se retrouve parfois recouverte par son impressionnante formation durant ce "Love Child" qui se termine sur des percussions de jazz latino, qu'elle montre à plusieurs reprises son agacement vis-à-vis des retours sonores dans son oreillette, Diana Ross n'en perd jamais le sourire ni son calme.

Concert efficace et calibré

En professionnelle, à l'image de son concert efficace calibré façon show à l'américaine, elle ira aussi changer à deux reprises de tenue, d'abord pour une robe jaune pétante puis une autre argentée et pailletée plus glamour. "Chain Reaction", morceau signé des Bee Gees, puis un petit tour sans supplément d'âme du côté du jazz de Billie Holiday pour "Don't Explain", que Diana Ross a pourtant incarné avec talent au cinéma dans "Lady Sings the Blues" (1972), amorcent l'explosive arrivée de l'irrésistible "Upside Down". Une boule à facettes et une justesse énergique vocale comme musicale contribuent à en faire le climax aussi logique qu'attendu du concert.

Un décollage prolongé par un medley composé de "Love Hangover", "Take Me Higher" et "Ease on Down the Road" jadis interprété au côté de Michael Jackson. La troisième partie de la performance accompagnée d'images de la jeunesse d'une Diana Ross dansant sur Broadway entre autres (l'illustratif "If the World Just Danced) n'apportera plus grand chose d'excitant et saillant jusqu'à la reprise du "I Will Survive" de Goria Gaynor.

Aléas de tournée

Diana Ross finit par s'asseoir un instant en agitant un éventail, pas à bout de souffle, mais admettant une fatigue certaine. Elle explique les déboires rencontrés à l'aéroport, des valises pas arrivées à bon port, un retard qui a empêché un soundcheck dans l'après-midi, les aléas d'une vie de tournée. L'icône intouchable reprend sa part d'humanité. Puis finit par remercier l'existence pour sa carrière de soixante ans, son staff, sa famille, le public et son amour fidèle, confessant une émotion personnelle tout en donnant rendez-vous une prochaine fois...

L'embarrassant playback lancé un peu plus tôt pour une chanson de son dernier album qu'elle tient à présenter, "Time to Call", est soudain oublié. Et le "Thank You" qu'elle chante cette fois véritablement en guise d'épilogue permet de prendre congé sur une meilleure note (de basse). La prestation inégale de Diana Ross n'aura séduit que lors de quelques fulgurances.

Un au revoir ou un adieu qui, à défaut d'avoir pu officiellement être immortalisé en photographies par le Montreux Jazz, figurera tout de même dans les archives vidéo du Festival aux côtés d'autres figures féminines emblématiques comme Etta James ou Roberta Flack.

Olivier Horner

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