Jeudi, Ibrahim Maalouf présentera son spectacle et prochain album "Capacity to Love" (Capacité d'aimer) sur la scène de l'auditorium Stravinski du Montreux Jazz Festival, où il est régulièrement invité.
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Le musicien a fait ses premiers pas en tant que professionnel dans le festival vaudois il y a près de 20 ans. En 2017, il y a rencontré Quincy Jones, qui deviendra par la suite son manager et donnera une nouvelle impulsion à sa production musicale.
"Ce festival m'a donné la possibilité de montrer qu'il était possible de constamment expérimenter des choses", a-t-il déclaré lors de son interview sur la RTS. "A chaque fois que je suis venu, j'ai proposé des choses très différentes, et le Montreux Jazz a toujours été à l'écoute."
L'espérance d'un peuple
Né en 1980 au Liban, Ibrahim Maalouf a grandi en région parisienne après que sa famille ait fui la guerre civile. Le pays du Cèdre vit actuellement une grave crise sociale et économique, avec une pénurie d'essence et d'électricité, de l'hyperinflation et la chute de sa monnaie, la livre libanaise, qui a perdu 95% de sa valeur depuis 2019.
"Le Liban ne s'est malheureusement jamais reposé, mais les Libanais continuent à avoir de l'espoir malgré un terrible chaos qui dure depuis longtemps", a commenté le trompettiste.
Pour le musicien, la situation générale du pays est "de pire en pire (...) et en même temps, je n'ai jamais vu un peuple aussi extraverti et amoureux de la vie. C'est fascinant".
L'aide de la diaspora
Ibrahim Maalouf est également revenu sur l'explosion survenue dans la capitale du Liban, à Beyrouth, en août 2020, à laquelle il a assisté et qui a ravivé de profondes souffrances chez les personnes ayant vécu les années de guerre civile.
"Il n'y a pas un Libanais ou une Libanaise qui n'a pas de gigantesque cicatrice, qu'elle soit physique ou psychologique, de cette guerre", a affirmé le musicien, qui évoque la "mémoire de la cicatrice", transmise de génération en génération.
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Selon lui, la reconstruction du pays ne peut pas se faire uniquement à la force du peuple. "Les Libanais qui vivent au Liban ne peuvent pas régler tous les problèmes. Il y a trop d'intérêts régionaux contradictoires et très peu d'investissement local", a avancé le trompettiste.
La diaspora libanaise, qui représente plusieurs millions de personnes à travers le monde, a son rôle à jouer dans cette reconstruction, estime Ibrahim Maalouf. "Si toutes ces personnes contribuaient à aider leur pays d'origine, on aurait aujourd'hui un Liban florissant, qui serait beaucoup plus serein. Je crois beaucoup à la force de la diaspora", a-t-il encore affirmé.
Propos recueillis par Karine Vasarino/iar
Un album aux influences hip-hop
Le prochain album d'Ibrahim Maalouf, qu'il présentera au Montreux Jazz Festival jeudi, mélange plusieurs styles de musique différents, allant de la pop à la funk, en passant par la musique brésilienne.
Il représente "une ouverture vers la musique de rue, et en particulier vers la culture du hip-hop", qui l'a beaucoup inspiré, a expliqué le trompettiste. "On l'oublie, mais le jazz a donné naissance au rap."
"Cet album est complètement dans la nouvelle direction que j'ai décidé de prendre grâce, entre autres, à ma collaboration avec Quincy Jones", a précisé l'artiste.
L'oeuvre contient plusieurs titres avec des invités. "C'est la première fois que je fais un album aussi riche", a souligné Ibrahim Maalouf. "Il est parfaitement dans l'ADN du monde du hip-hop, qui est né à travers des collectifs de gens qui travaillaient ensemble."
L'album "Capacity to Love", le 17e de sa carrière, sortira en novembre prochain.