Daniel Rossellat: "On a besoin de faire la fête, même si c'est un peu transgressif"
Trois ans après la dernière édition qui s'est tenue en 2019, Nyon va enfin pouvoir vivre son 45e Paléo Festival. KISS, PNL, DJ Snake, Sting, Angèle, Ninho, OrelSan, Stromae, Rag'n'Bone Man, Francis Cabrel, Grand Corps Malade, Fatoumata Diawara, Juliette Armanet, Feu! Chatterton, Metronomy, Roméo Elvis, SCH, Tryo ou encore Meute seront présents sur la plaine de l'Asse pour fêter les retrouvailles du festival nyonnais avec son public.
"Il y a beaucoup de changements et d'innovation. C'est excitant, mais parfois aussi un peu inquiétant", avoue Daniel Rossellat, fondateur et président du festival, interviewé par la RTS. "On est complètement sorti de la routine et on a perdu un certain nombre de repères", explique-t-il tout en précisant qu'il y a cette année un plus grand nombre de personnes qui n'ont jamais travaillé pour le Paléo, ce qui ajoute un peu d'incertitude.
Nouveautés et bien-être
Sur place, le public découvrira le plus grand changement d'aménagement de terrain depuis 1990. Cette année-là, le festival avait quitté le bord du lac pour rejoindre la plaine de l'Asse.
Outre divers aménagements qui devraient illuminer les yeux des festivaliers, les Arches et le Détour laissent leur place à deux nouvelles scènes: Belleville, consacrée aux musiques électroniques, et Véga qui pourra recevoir davantage de monde.
Le résultat est, aux yeux du patron, une vraie réussite. "Le terrain est aménagé comme on l'avait imaginé", précise-t-il avant d'ajouter que la victoire sera complète uniquement si le public adopte ces nouveautés.
Attentif au bien-être de son public, le Paléo tient également à ce que la bienveillance et le respect soient présents entre les festivaliers et festivalières. Face aux comportements inadéquats et à toute forme d'agression ou de harcèlement, un code, aussi présent dans d'autres festivals, permet aux personnes qui se sentent mal à l'aise ou menacées de trouver de l'aide et du soutien. Il suffit de prononcer la phrase "Je cherche Angela" auprès d'un stand ou d'un point d'information.
Autre changement, mais dans son fonctionnement cette fois: les paiements s'effectuent désormais uniquement par carte ou application dans tous les points de vente. Il n'y a plus de cash au sein du festival.
Plan canicule
Outre les risques encore liés au Covid - en particulier les annulations de dernière minute d'artistes, comme ont pu le vivre d'autres festivals récemment - vient s'ajouter la canicule. "C'est moins pénible pour nous que la pluie, le vent et la tempête", temporise Daniel Rossellat, mais le risque de déshydratation est bien présent. "Il faut prendre soin des festivaliers qui ont parfois tendance à oublier de boire ou à boire que de l'alcool et ça, ça ne marche pas", ajoute encore le directeur. Ainsi, des points d'eau seront présents un peu partout pour les festivaliers et les campeurs. De plus, les bénévoles ont été sensibilisés à cet aspect-là.
Transport et électricité
Alors que l'on fait face à des changements climatiques importants et à des pénuries d'énergie et d'électricité, est-ce bien raisonnable de mettre sur pied un festival de ce type?
A cette question, Daniel Rossellat commence par préciser que son festival s'est engagé à réduire ses gaz à effets de serre de 25% en cinq ans et qu'un gros effort est fait sur la question du transport. "On dépense plus de 500'000 frs pour des transports gratuits ou pour compléter des transports payants desCFF ou des transports publics de Genève et Lausanne." Une étude a d'ailleurs montré une baisse du nombre de voitures présentes sur le site depuis quelques années, passant d'une fourchette de 15'000 à 17'000 par jour à 11'000 et 13'000. Un audit sera aussi fait cette année sur la consommation d'électricité du festival. Finalement, la vaisselle est désormais lavable et non plus jetable.
Besoin de faire la fête
"Mais si on voulait être vertueux, on ne ferait rien", ajoute Daniel Rossellat. On a besoin de faire la fête quitte à être parfois un peu transgressif avec la morale générale. Quant on fait la fête, on a des horaires différents, on mange différent, on boit différent, mais on est aussi plus proche des gens. Il y a plein d'effets positifs à vivre quelques jours de manière transgressive". Et le directeur de conclure qu'il faut essayer d'être vertueux, mais sans se priver de tout.
Propos recueillis par Karine Vasarino
Adaptation web: aq