En 1770 à Lyon est créé "Pygmalion", une pièce en un acte signée de l'écrivain genevois Jean-Jacques Rousseau (1712-1778). Inspirée du fameux récit de la mythologie grecque contant l'histoire d'un sculpteur qui tombe amoureux d'une de ses créations qui prend alors vie grâce à Aphrodite, déesse de l'amour, cette oeuvre originale est considérée comme le premier mélodrame de l'histoire.
Genre théâtral à ne pas conforme avec le "melodramma" italien du XVIIe siècle synonyme d'opéra, le mélodrame propose dès la fin du XVIIIe siècle des textes le plus souvent poétiques ou littéraires déclamés sur un fond sonore ou en alternance avec des passages musicaux.
En résultent des spectacles assez singuliers tel ce "Pygmalion" de Rousseau qui prend la forme d'un long monologue parlé du sculpteur, entrecoupé d'interludes musicaux composés dans sa version originale par le musicien français Horace Coignet (1736-1821).
Un Pygmalion ressuscité
Si cette pièce a connu le succès au moment de sa création, elle tombe pourtant vite dans l'oubli. Les 1er et 2 septembre, à l'initiative de la violoniste et cheffe d'orchestre suisse Chiara Banchini, son ensemble Archi Luminosi et le récitant Olivier Bettens ressuscitent ce "Pygmalion" en le présentant pour la première fois à Genève, à la Fondation Bodmer.
Pour ce projet, l'oeuvre de Rousseau a été revue et réorganisée. La musique d'Horace Coignet ayant été jugée unanimement trop médiocre, le choix s'est porté sur la partition que Johann Georg Benda (1722-1795) avait composée pour la version de la pièce jouée en Allemagne à partir de 1772.
A Genève, on pourra entendre cette partition réécrite pour une dizaine d'instruments avec en ouverture, une oeuvre d'Antonio Rosetti (1750-1792).
Le mélodrame, source d'inspiration
Associée au projet, la Maison Rousseau et Littérature de Genève réunit le 30 août la musicologue Jacqueline Waeber, le professeur Martin Rueff et le récitant du spectacle Olivier Bettens pour une rencontre publique intitulée "Rousseau, Pygmalion du mélodrame".
L'occasion d'en savoir plus sur cette oeuvre peu jouée et peu connue qui a pourtant inspiré des générations de musiciens. Au XIXe siècle, le genre du mélodrame exercera une influence considérable sur l’art du lied, tel que proposé par Schubert, Liszt ou Schumann et se cristallisera dans le "Sprechgesang", mis en valeur par Arnold Schoenberg.
Sujet radio: Marie Favre
Adaptation web: Lara Donnet et Andréanne Quartier-la-Tente
Conférence "Rousseau, Pygmalion du mélodrame" le 30 août à 12h15 à la Maison Rousseau et Littérature de Genève
"Pygmalion" de Rousseau, le 1er et le 2 septembre, à la Fondation Martin Bodmer. Avec l'ensemble Archi Luminosi et Olivier Bettens, récitant