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Volker Bertelmann, alias Hauschka, le compositeur au double visage

Le compositeur et pianiste allemand Volker Bertelmann le 20 janvier 2017 dans un café de Dusseldorf, en Allemagne. [Keystone - Rolf Vennenbernd]
Volker Bertelmann, alias Hauschka, le compositeur au double visage / L'Actu Musique / 10 min. / le 14 octobre 2022
Sous le pseudonyme de Hauschka, cet amateur de piano préparé a fait paraître plusieurs disques de musique contemporaine, tandis que sous son propre nom, Volker Bertelmann est une référence de la musique de film et de télévision. Il se produit à Bâle ce vendredi soir.

Né en 1966 à Kreuztal, en Allemagne, Volker Bertelmann se lance très jeune dans une formation sinueuse. Il étudie le piano classique pendant dix ans avant de se tourner vers le rock, qu’il pratique en amateur. Peu convaincu par des années d’études de médecine puis d'économie, il décide sur le tard de se consacrer exclusivement à une carrière musicale.

Après quelques tâtonnements, et un passage sans lendemain par le hip-hop, Volker Bertelmann revient dans les années 1990 à ses premières amours: le piano. Il se choisit un nom d’artiste, Hauschka, en hommage à Vinzenz Hauschka, un compositeur de Bohème du 17e siècle, et parce que les sonorités européennes de ce pseudonyme lui plaisent.

Pour piano préparé

Son premier album, "Substantial", sort en 2004, suivi de près par "The Prepared Piano" en 2005. Comme ce titre l’indique, Volker Bertelmann s’est intéressé au piano préparé. Il s’amuse à détourner les sonorités de l’instrument, par exemple en emballant les marteaux du piano dans de l’aluminium et en plaçant entre les cordes des petits objets, du cuir ou du caoutchouc.

Vers le collectif

Très vite, Hauschka décide d’explorer une palette qui ne se limite pas seulement à l’usage du piano. Sur son album "Salon des amateurs", paru en 2011, il convie des musiciens venus d’horizons divers comme les groupes múm, Calexico ou encore le Kronos Quartet. Avec eux, il exploite les possibilités du collectif et affine son travail sur la construction du rythme. Sur son album suivant, "Foreign Landscapes", Hauschka abandonne presque le piano et déplace le curseur vers d’autres instruments.

Composer pour le cinéma

Les années 2010 sont marquées par de fructueuses collaborations entre Hauschka et divers musiciens contemporains, par exemple l’Islandaise Hildur Guðnadóttir, future compositrice du film "Joker".

Les partitions de Hauschka sont de plus en plus associées au néo-classique, et son nom est fréquemment cité aux côtés d’autres maîtres du genre, comme Max Richter ou Ludovico Einaudi. Pas étonnant donc que le cinéma, friand de mélodies amples et mélancoliques, s’intéresse à lui. Dès 2012, Hauschka compose en Allemagne ses premières musiques de films.

Une carrière florissante

S’il continue à composer des albums et des pièces concertantes avec le nom de Hauschka et signe de ce pseudonyme ses premières musiques de films, Volker Bertelmann ne tarde pas à refaire surface. Le compositeur emploie en effet désormais systématiquement son vrai nom quand il travaille pour le cinéma ou la télévision. Il se construit une carrière parallèle florissante: on le retrouve ces dernières années sur les séries "Le nom de la rose" et "Life After Life", ainsi que sur les films "The Old Guard" avec Charlize Theron et "Ammonite" avec Kate Winslet.

La consécration arrive vite. La musique qu'il compose en collaboration avec Dustin O’Halloran pour le film "Lion" est nommée aux Oscars en 2017.

Un concert à Bâle

Aujourd’hui, Volker Bertelmann et son alias Hauschka sont sur tous les fronts. Cette double identité permet au compositeur de se mettre au service des images et de s’adapter aux contraintes du récit filmé tout en poursuivant ses recherches sur disque, le plus souvent en compagnie d'autres artistes.

Sous le nom de Hauschka, il est l'invité du Sinfonieorchester de Bâle ce vendredi soir dans le cadre de l'événement "Concert Lounge", qui associe musique classique et musique électronique.

Sous le nom de Bertelmann, il est à l’affiche du film de guerre "À l’Ouest, rien de nouveau", troisième adaptation du roman de Erich Maria Remarque. Paru dix ans seulement après la fin de Première Guerre mondiale, le livre raconte le conflit mondial sous un angle pacifiste et se fait interdire par le régime nazi. C’est la première fois qu’il est adapté en Allemagne.

Pour ce film, Volker Bertelmann a produit une partition annoncée par les premières critiques comme atmosphérique, martiale et inquiétante. Le long métrage est à découvrir en salles cette semaine et en streaming dès la fin octobre.

Pascal Knoerr/mh

Hauschka en concert avec le Sinfonieorchester Basel au Stadtcasino de Bâle, le 21 octobre.

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