Dans l'album "Soul Bossa Nova" de Quincy Jones figure le titre éponyme devenu cultissime. Deux secondes suffisent à nos oreilles à le reconnaitre. La chanson aurait été composée par le mythique producteur et compositeur en vingt minutes. Elle sera reprise par de nombreux musiciens, utilisée dans de nombreux films, publicités, ou génériques d'émissions.
Dans les années 1960, la bossa nova connaît un pic de popularité mondial. Son étymologie le prédit déjà, la bossa nova pourrait se traduire par "nouvelle vague". Elle émerge à la fin des années 1950, croisement entre samba et jazz, propulsée principalement par Carlos Jobim, Joao Gilberto et le poète Vinícius de Moraes, mais aussi par les chanteuses Nara Leao ou Sylvie Telles.
Une nouvelle vague
Au départ, le genre est critiqué. On dit de la bossa nova qu'elle est une musique pour piètres chanteurs. La réponse ne se fait pas attendre. En 1958, une chanson de Jobim et Mendonça, "Desafinado", "désaccordé" en brésilien, remet les pendules à l'heure. La chanson devient un standard de la bossa nova et du jazz. Et elle est d'ailleurs reprise par le compositeur-arrangeur culte Quincy Jones.
"Chega de Saudade", "finie la nostalgie" en portugais, de Joao Gilberto sorti en 1959 est considérée comme le premier véritable disque de bossa nova. Les musiciens américains en tournée dans ces années-là découvrent ce nouveau style et s'en emparent. La bossa nova devient cette nouvelle vague aux Etats-Unis aussi. Quincy Jones est proche de tous ceux qui, entre autres, découvrent le mouvement et le lancent: le pianiste Lalo Schifrin, le trompettiste Dizzie Gilespie, le guitariste Charlie Byrd, le saxophoniste Bud Shank.
Bossa nova version Quincy
La version de Quincy Jones de la bossa nova est paradoxalement presque un retour à son ancêtre, la samba. Là où les percussions règnent en maîtres, les tempos sont rapides, festifs, tout le contraire de la bossa, davantage dans l'intimité. C'est aussi l'apogée des arrangements jazz en Big Band, et Quincy Jones y est en plein dedans.
Avec "Soul Bossa Nova", Quincy Jones réalise un album de référence joyeuse et exceptionnelle de la bossa nova. Avec un son reconnaissable entre mille, en version Big Band, format extrêmement populaire à l'époque. C'était malin de sa part. Soixante ans après, ça fonctionne encore.
Sujet radio: Yves Zahno
Adaptation web: ld