En janvier, pour la tournée de son nouvel album "Ode", Stephan Eicher sera à nouveau sur la route. Malgré sa longue carrière, le musicien affirme dimanche au 19h30 qu'il appréhende toujours le moment de monter sur scène: "Je respecte mon public, je le prends au sérieux et donc cela me stresse".
Le chanteur séduit son public depuis quatre décennies. Polyglotte, l'artiste suisse allemand chante dans sa langue, dans celle de Shakeaspeare et surtout dans celle de Molière.
Le français, il l'a très vite épousé. C'est avec le titre "Combien de temps" qu'il a explosé en Suisse romande avant d'enchaîner avec "Déjeuner en paix".
Un titre suisse allemand au hit parade français
Mais c'est avec une chanson en suisse allemand "Hemmige" que l'artiste a squatté le hit parade français ainsi que l’affiche de l’Olympia.
La carrière de Stephan Eicher, sexagénaire aux origines yéniches, est faite de très hauts et de très bas. Sept années d’absence lui ont été imposées à cause d'un conflit avec son ancien label.
Durant la pandémie, il a chanté depuis sa cuisine, où il a créé "Le radeau des inutiles", une métaphore de sa vie et de celle de tous les artistes.
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Un nouvel album pour exorciser la période Covid
Aujourd’hui, il revient avec un album poétique, "Ode". L'un de ses titres, "Autour de ton cou", a été écrit en pleine pandémie. Cette période a durement touché Stephan Eicher. En l'espace de six semaines, il a perdu ses deux parents. Il lui a été impossible de prendre son père dans ses bras, sur son lit de mort.
Avec ce qui lui est arrivé, le musicien dit vouloir faire une musique de film: "J'aime faire croire que l'on est au cinéma. (...) Quand la merde frappe, une bonne musique aide, c'est réconfortant."
En français, les paroles sont écrites par Philippe Djian, son complice de longue date. En allemand, ce sont celles de Martin Sutter, écrivain zurichois.
Combler le fossé entre Suisses romands et Suisse allemands
Stephan Eicher se voit comme un passeur entre les cultures. Il a réussi à faire connaître aux Romands le Georges Brassens alémanique, Mani Matter, un "troubadour" bernois mort il y a 50 ans. "Je n'ai pas cherché le rôle de passeur, mais j'en suis fier."
Combler le fossé entre les différentes régions linguistiques de Suisse est pour lui une de ses réussites: "Si quelque chose devait rester de mon travail, le fait d'avoir grignoté un peu ce Röstigraben, cela serait pas mal."
En Suisse, il est l'un des rares artistes à avoir franchi la barrière de Rösti. Selon lui, pour oser chanter dans plusieurs langues, il ne faut pas avoir peur du ridicule: "Je n'ai pas peur de me ridiculiser, je ne prends pas grand-chose au sérieux, sauf peut-être la musique, l'amour et l'amitié."
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Propos recueillis: Fanny Zürcher
Adaptation web: Miroslav Mares