La film "Bac Nord" de Cédric Jimenez, dont la bande originale est signée Guillaume Roussel, vaut au compositeur sa première nomination au César de la meilleure musique en 2022. Une reconnaissance en France pour cet artiste qui y a enchaîné les projets ces dernières années, après un temps d’échauffement aux États-Unis sous la houlette de la légende de la musique de film, Hans Zimmer.
Des Etats-Unis en France
Car Guillaume Roussel a effectué le cheminement inverse de la plupart de ses confrères. Si sa formation en classique et jazz s’est déroulée en France, notamment à Saint-Maur et à Paris, la suite de son parcours, orienté vers la musique de film, le conduit très tôt à Los Angeles.
Guillaume Roussel a en effet compris qu’il lui fallait aller à la source du mythe, à Hollywood, pour réaliser des bandes originales semblables à celles de ses modèles, que ce soit John Williams ou Danny Elfman.
Roussel tente sa chance outre-Atlantique avec pour carte de visite une musique écrite pour une publicité tournée par le réalisateur Olivier Dahan. Au gré des rencontres et des recommandations de ses amis, il décroche un tête-à-tête avec Hans Zimmer, le compositeur, entre autres, de la musique du "Roi Lion".
La rencontre avec Hans Zimmer
Zimmer lui donne l’opportunité en 2010 de rejoindre la grande équipe qu’il dirige dans ses studios Remote Control. Une véritable usine à produire de la musique dont le fonctionnement intensif repose sur un travail collectif.
Guillaume Roussel œuvre donc le plus souvent dans l’ombre, et se fait la main sur des projets que lui attribuent Hans Zimmer ou ses co-compositeurs. On retrouve donc son nom sur des films à succès comme "Pirates des Caraïbes 4: la fontaine de jouvence" ou "Les Schtroumpfs".
De cette expérience américaine, le compositeur et pianiste conserve une patte épique. On la retrouve dans sa partition pour le film "Kompromat" de Jérôme Salle, sorti cette année.
Le retour en solo
De retour en France, Guillaume Roussel renoue avec le cinéaste Olivier Dahan pour la musique d’une comédie dans le monde du football, "Les seigneurs", premier long métrage en solo après des années de travail collectif. C’est l’occasion pour l'artiste d'appliquer les leçons apprises à Hollywood, et de produire une bande originale ambitieuse qui, à la demande du réalisateur, ne lésine pas sur les moyens orchestraux.
À compter de là, Guillaume Roussel entame une carrière française, mais garde un pied à Los Angeles, dans les studios de Hans Zimmer. En France, le musicien suit une nouvelle fois Olivier Dahan sur le film "Grace de Monaco" et entame en parallèle des collaborations fructueuses avec une nouvelle génération de cinéastes, à l’exemple de Fabrice Éboué, auteur des comédies "Le crocodile du Bostwanga", "Coexister" et "Barbaque".
Une production Disney
Du côté des États-Unis, le pianiste écrit en 2020 sa première musique pour une production Disney: "Black Beauty", une nouvelle transposition avec Kate Winslet des aventures du cheval sauvage Prince noir. Cette expérience réussie dans le film familial se poursuit pour le musicien avec la récente bande originale du long métrage "King", l’histoire d’un lionceau échappé d’un trafic d’animaux. Une opportunité pour Guillaume Roussel de déployer la palette orchestrale d’un film d’aventures.
Des relations privilégiées
Le compositeur soigne les collaborations avec des cinéastes qu’il suit parfois depuis leurs premières réalisations. Ainsi de Cédric Jimenez, pour lequel il signe la musique des films "La French", "Novembre" et "Bac Nord".
On lui connaît également depuis quelques années une relation privilégiée avec l’acteur et réalisateur Clovis Cornillac, que Roussel accompagne depuis les films "Un peu, beaucoup aveuglément" et "C’est magnifique!". Pour son dernier long métrage, "Couleurs de l’incendie", adaptation d’un roman de Pierre Lemaitre et actuellement en salles, Guillaume Roussel écrit ce qui est sans doute l’une de ses meilleures partitions.
On retrouve également en 2022 Guillaume Roussel à la télévision avec "Marie-Antoinette: Premiers pas à la cour", une production Canal+ que l’on doit à la plume de Deborah Davis, scénariste du film "La favorite" de Yorgos Lanthimos. Pour cette série, Roussel privilégie une écriture volontiers mélancolique, qui utilise parfois des instrumentations que l’on associe traditionnellement à la deuxième moitié du XVIIIe siècle, à l’instar du clavecin.
Après ce ballon d’essai dans la production historique, on l'attend l’an prochain dans une adaptation en un diptyque des "Trois Mousquetaires" d’Alexandre Dumas, réalisé par Martin Bourboulon. Deux volets de récit à grand spectacle, donc, avec dans les rôles principaux Eva Green, Vincent Cassel, Lyna Khoudri, Romain Duris, François Civil et Pio Marmaï. Après cette année 2022 florissante, c’est un 2023 prometteur qui se dessine pour Guillaume Roussel.
Sujet radio: Pascal Knoerr
Adaptation web: mh