La playlist des classiques de Noël

Ce sont les bergers qui, les premiers, ont appris la Nouvelle: Dieu est venu sur terre sous les traits d'un nouveau-né qu'ils pourront aller adorer dans une crèche à Bethléem. Guidés par un ange, les bergers vont accueillir l'Enfant au son de leurs instruments.

De nombreux compositeurs italiens ont évoqué cette scène touchante dans leurs concertos. C'est le cas du Vénitien Arcangelo Corelli à qui l'on doit une des pastorales les plus emblématiques de Noël, le "Concerto fatto per la Notte di Natale", concerto pour la Nuit de Noël.

Les jouets sont au cœur d'une symphonie écrite par un certain Leopold Mozart le père de Wolfgang. Mais on a longtemps pensé que l'œuvre était de la plume de Joseph Haydn.

La légende veut que Haydn l'aurait composée en rentrant d'un voyage à Salzbourg, après avoir traversé un petit village qu'on appelle Berchtoldsgaden. Il se trouve à environ 30 km de Salzbourg. Ce village était célèbre à l'époque parce qu'on y fabriquait des jouets.

Haydn avait trouvé ce village si charmant, qu'il aurait acheté des tas de jouets et, tout particulièrement ceux qui font de la musique: des appeaux qui imitent le coucou ou la caille, un sifflet à eau rossignol, une trompette jouet à une note, une crécelle hochet, ou un tambour de basque pour enfant.

Ensuite, l'idée lui serait venue de composer une pièce pour mettre en valeur la couleur de ces instruments inhabituels. C'est ainsi qu'il aurait écrit cette symphonie des jouets et l'aurait interprétée lors d'une soirée de Noël dans le château d'Esterhaza, histoire de faire plaisir à tous les enfants de la maison.

L'histoire est jolie, mais c'est une légende. Le véritable compositeur de cette symphonie des jouets, c'est Léopold Mozart, qui aurait préféré mettre le nom de Haydn sur sa partition pour la faire vendre.

Hector Berlioz fait partie de ces compositeurs qui ont su traduire avec beaucoup de tendresse, le récit de la nativité. Son histoire prend la forme d'une vaste trilogie sacrée pour solistes, chœur, orchestre et orgue à laquelle il donne le titre de "L'Enfance du Christ".

La première audition a eu lieu à Paris en 1854. Mais les Parisiens ont eu l'occasion de découvrir les premières esquisses de cet oratorio dès 1850 à travers un chœur qui raconte "L'Adieu des Bergers à la Sainte Famille".

Les bergers occupent une place de choix dans le récit de la Nativité. Aussi Franz Liszt les met-il à l'honneur dans quelques-uns des tableaux de son "Arbre de Noël". "L'Arbre de Noël", ou "Weinachtsbaum", est un cycle de douze pièces pour piano, composé entre 1874 et 1876. Il appartient aux oeuvres tardives du Vieux Liszt, et donc contemporain de ses dernières grandes partitions religieuses. Le cycle partage d'ailleurs avec elles un sentiment mystique et un certain goût pour les expérimentations sonores.

Les pièces de "L'Arbre de Noël" sont dépourvues de ce panache lié à la virtuosité. Elles surprennent par leur renoncement presque ascétique à toute forme de théâtralité ou d'expressivité grandiloquente. Ce qui leur a valu bien souvent l'ignorance voire le mépris des pianistes.

"L'Arbre de Noël" s'anime d'une simplicité toute nostalgique, son esprit est avant tout contemplatif. Liszt nous offre ici un monde raffiné, ingénu et féerique…

C'est la Veillée de Noël dans la maison des Drosselmayer. La petite Clara et son frère Fritz sont en train de contempler l'arbre de Noël, qu'ils viennent de décorer. Ils attendent avec impatience les invités, car ils vont venir les mains chargées de mille cadeaux. Quand l'heure est venue d'ouvrir les présents, la petite Clara a hâte de découvrir ce que son parrain lui a apporté. Mais en ouvrant son paquet, elle est surprise de trouver non pas une jolie poupée comme celle qu'elle avait demandée. A la place, elle reçoit un vilain petit bonhomme de bois avec une grande bouche difforme qui sert de casse-noisettes.

Elle est un peu déçue parce qu'il n’est pas très beau son casse-noisettes et les garçons se moquent de lui. Ils s'emparent de la poupée et lui infligent mille souffrances. De sorte qu'ils finissent par l'abîmer. Quand tous les invités sont partis, Clara reprend son casse-noisettes et prise de pitié, le soigne délicatement et l'installe dans le lit d'une de ses poupées.

Et puis tout le monde va se coucher. La maison se fait silencieuse. Lorsque Minuit sonne, Clara se lève et retourne auprès de son casse-noisette blessé. Elle assiste alors à un étrange spectacle dans lequel tous les jouets prennent vie.

Lorsqu'il a découvert ce conte, Tchaikovsky a aussitôt eu l'envie d'en faire un ballet qui est aujourd'hui un de ses plus grands succès. Parce qu'il a su traduire par sa musique l'atmosphère féerique du conte.

"Rêve de Noël" est le titre d'une pièce pour piano de Carl Nielsen interprétée par Martin Roscoe. Le compositeur s'amuse à improviser sur "Douce nuit", mais il se détache rapidement du chant de Noël initial pour explorer un territoire nouveau qu'il enrobe de superbes arabesques pour piano.

Si l'on en croit le récit de la Nativité, Marie a dû donner naissance à Jésus dans une étable car il n'y avait plus de place à l'auberge pour les accueillir. Claude Debussy se souvient parfaitement de cet aspect important du récit biblique lorsqu'il compose son "Noël des Enfants qui n'ont plus de maison".

>> A écouter: l'émission "L'Oreille d'abord" :

Fotolia - © Smileus

Il s'agit d'une mélodie composée en décembre 1915 en pleine Première Guerre mondiale. C'est le compositeur lui-même qui a rédigé le texte de la mélodie. Il fait entendre ici la prière des orphelins et des sans-abri qui font appel à l'Enfant Jésus pour les venger en infligeant un châtiment sévère aux envahisseurs. Ils lui demandent de ne pas leur rendre visite le jour de Noël. Ils ne veulent pas de jouets, ni de cadeaux, mais du pain pour survivre.

Cette pièce patriotique est la dernière mélodie que Debussy a écrite.

Autre grand classique des Fêtes, les Christmas Carols ou chants de Noël, une tradition qui nous vient d'Angleterre. Il est d'usage là-bas, comme dans la plupart des pays anglophones, d'accompagner le temps de l'Avent par des chants de Noël.

Les gens se déplacent par petits groupes d'une maison à l'autre en chantant des airs populaires qui évoquent le miracle de Noël. C'est une tradition qui est encore très vivante comme en témoignent les nombreux disques de Christmas Carols qui paraissent pour les fêtes. Le Chœur Tenebrae de Londres vient de sortir le sien. Il est baptisé "In Winter's House: Christmas with Tenebrae".

Au cœur de leur programme figure la merveilleuse "Ceremony of Carols" de Benjamin Britten, une fantaisie pastorale pour chœur à trois voix et harpe écrite en 1942 en pleine seconde Guerre mondiale. Le compositeur se trouvait alors sur le paquebot qui devait le ramener en Angleterre après un long séjour aux Etats-Unis.

La partition est initialement destinée à des voix d'enfants mises en valeur par une harpe qui contribue davantage au climat général de la pièce qu'elle n'accompagne le chœur.

"A Ceremony of Carols" est sans conteste l'une des plus belles inspirations religieuses de Britten. Il traduit la joie, l'innocence et l'espièglerie enfantine par des mélodies qui rappellent l'esprit des comptines et donnent à cette partition un sentiment de sincérité profonde.