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"Nouveau genre", la rage de vivre et de vaincre de Silance

La chanteuse suisse Silance. [Two Gentlemen - Margaux Corda]
L'invitée: Silance, "Nouveau Genre" / Vertigo / 23 min. / le 16 janvier 2023
La Lausannoise Silance publie un premier album, "Nouveau genre", à la fois pop et intime où elle s'affirme davantage chanteuse que rappeuse. Cette artiste anticonformiste sera en tournée romande durant le mois de mars à Nyon, Neuchâtel et Lausanne.

Le pseudonyme Silance est la contraction des mots "silence" et "lancer". Comme pour à la fois sortir du silence et se lancer, "pour moi-même, dans une société où cela est très compliqué de s’exprimer quand on va mal, confie Silance à la RTS. J’avais une envie viscérale de parler, d’arrêter de me taire comme j’ai appris à le faire pendant toute mon enfance et mon adolescence." Ainsi naît le projet de la chanteuse et rappeuse lausannoise en 2018.

Souffrant d’anxiété sociale, elle écrit alors ses textes seule chez elle. Le déclic arrive lors d’une soirée slam dans la petite salle du Bleu Lézard à Lausanne. La jeune femme prend son courage à deux mains et monte sur scène. Elle parvient à toucher le public et décide de se consacrer à la musique.

Après deux EPs, "Buncoeur" sorti en 2020 et "Créature" en 2021, Silance présente cette année son premier album, "Nouveau genre", en collaboration avec le producteur vaudois Yvan Peacemaker. Réputé dans le monde du rap francophone, il a notamment travaillé avec Stress, Diam’s, Booba ou encore Joey Starr. "J’avais l’habitude de réaliser mes instrumentations seule, mais Yvan apporte une touche professionnelle, parce que je ne suis pas ingénieure du son. Il a ajouté sa patte à l’album pour peaufiner et sublimer chaque morceau", ajoute Silance.

Un album plus pop

Si elle a fait ses débuts en tant que rappeuse, Silance poursuit son parcours musical avec un album plus pop. "Je n’avais pas la confiance de m’affirmer en tant que chanteuse et j’avais l’impression d’avoir quelque chose à prouver pour faire de la chanson. Il était plus simple pour moi de dire 'rap', alors que c’était tout de même quelque chose de compliqué à maîtriser". L’artiste se découvre au fil de ses projets et prend confiance en sa voix. "Je me suis rendu compte que je pouvais chanter et que j’avais le droit de le faire. Les codes du rap ne m’ont jamais correspondu", avoue Silance, qui se définit désormais comme chanteuse.

Revendiquer son identité

À l’image du look androgyne de la chanteuse, le titre de l’album, "Nouveau genre" est né d’une volonté de ne pas s’enfermer dans une case précise. "Je traverse tout ce qui m’inspire au quotidien. J’aime utiliser ma voix et l’expérimenter de toutes les manières possibles", ajoute Silance.

Les paroles des chansons de Silance reflètent aussi sa personne, anticonformiste, rebelle et ouvertement lesbienne. Elle ne s’est cependant pas posé la question de l’alliance entre musique et revendications LGBTQ. "Je suis arrivée dans l’industrie musicale avec ma musique et mon identité. Il s’avère qu'effectivement, cela défend et fait bouger des choses. Tant mieux! […] Je suis fière de défendre un message et représenter une certaine communauté."

D’autres morceaux de l’album parlent de sujets intimes liés au parcours de la chanteuse. Dans "Rockstar", sur un air de piano, Silance raconte ses galères financières, ses désillusions, mais aussi sa volonté de vivre et de réussir dans sa carrière musicale. En le réécoutant, elle est émue. "Il y a beaucoup de souffrance dans mon histoire personnelle. Je suis un peu névrosée - pas artiste pour rien! – Il y a une rage de vivre et de vaincre dans ce morceau. Cela me rappelle que je suis partie de rien. Je suis encore à ce stade, mais je suis désormais à l’aise avec moi-même. Ce morceau raconte cela. La lutte ne s’arrêtera jamais!"

Propos recueillis par Anne Laure Gannac

Adaptation web: Myriam Semaani

Silance, "Nouveau genre" (Two Gentlemen).

En concert à la Parenthèse, Nyon le 3 mars; Case à chocs, Neuchâtel, le 11 mars et Cave du Bleu Lézard, Lausanne, le 16 mars 2023.

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