Le Vibiscum Festival bouscule et dérange le monde musical romand

Pour les professionnels du secteur de l'événementiel, la situation depuis la crise du Covid est très compliquée. Les grands artistes sont difficiles à signer et en particulier les Américains, qui demandent des cachets plus élevés.

Il y a aussi beaucoup d'incertitudes sur le plan de l'organisation des festivals. Tout coûte plus cher, tant au niveau des fournisseurs que des camions ou des techniciens. Il est toutefois difficile d'augmenter le prix des billets.

Dans ce marché quasiment saturé, la création du Vibiscum Festival, qui se tiendra pour la deuxième fois du 8 au 10 juin, soulève un certain mécontentement. Surtout, la venue à Vevey de DJ Snake, l'un des DJ les mieux payés au monde, suscite l'étonnement. L'artiste français se produira devant 18'000 personnes.

Un concurrent direct

Le directeur de Festineuch Antonin Rousseau dit s'inquiéter et s'interroger de l'ambition affichée par le Vibiscum Festival dans un contexte déjà très concurrentiel où il y a une surabondance de festivals et de gros concerts.

Selon lui, le festival de Vevey n'est pas sain pour l'écosystème. Il devient un concurrent direct avec des dates et des artistes similaires, ce qui est également le cas du Caribana festival.

Il est notamment reproché au fondateur de l’événement William von Stockalper, président du club de foot Vevey-Sports, la méthode employée. Des manières non conventionnelles de négocier avec les artistes, à base notamment de la surenchère pour les cachets, sont évoquées.

Doutes sur l'organisation

Le patron du festival neuchâtelois a aussi des doutes sur l'organisation de son concurrent veveysan. Il insiste sur le savoir-faire nécessaire pour une manifestation de cette taille.

Certains disent même redouter un scénario comme celui du Fyre Festival, ce festival des Bahamas créé par un puissant entrepreneur mais qui a tourné à la catastrophe à cause de la logistique. Il a notamment fait l’objet d'un documentaire Netflix.

>> Les explications du 19h30 :

Un quart du budget déjà assuré

Invité dans Forum, William von Stockalper rappelle que le festival n'est pas né de la volonté d'un entrepreneur étranger, mais en soutien au club de foot de Vevey, dans la lignée des repas de soutien du FC Sion. Il assure qu'une partie du budget est déjà assurée.

"Aujourd'hui, nous avons un budget d'environ 4 millions de francs. Sur ce budget, il y a 25% de sponsoring qui sont déjà signés et qui seront annoncés la semaine prochaine."

Le directeur du Vibiscum Festival défend son droit d'exister. "Les Veveysans et la région méritent d'avoir un événement pas chaque 20 ans [la Fête des Vignerons, ndlr.], mais aussi quelque chose qui se fait annuellement. On a une équipe en place avec des gens performants et expérimentés."

"Ce n'est pas forcément le cachet qui fait foi"

Sur la question des cachets, il avoue un certain manque d'expérience: "On apprend, on ne veut surtout pas frustrer les autres festivals. Des contacts ont été pris, ils ont été chauds", reconnaît William von Stockalper.

Il nie cependant toute forme de surenchère. "Ce n'est pas forcément le cachet qui fait foi. C'est aussi le cadre qui est important. La place du marché à Vevey est un cadre assez exceptionnel, c'est un des plus beaux spots qu'on peut avoir en Suisse romande pour l'organisation d'un festival. C'est une taille similaire à un stade de football, donc pour un DJ Snake, c'est quelque chose qui lui convient très bien."

William von Stockalper affirme que les détails sur les cachets seront dévoilés la semaine prochaine en conférence de presse.

Sujet radio et TV: Foued Boukari et Camille Lanci

Version web: Antoine Schaub