Après avoir disserté sur la légèreté et la profondeur de l'être humain dans un précédent album, Tim Dup fait encore preuve d'une prose d'une effrontée maturité du haut de ses 28 ans. Dans son quatrième enregistrement en forme de touchante mise à nu, baptisé "Les immortelles" pour la référence florale en forme de souvenir d'enfance en Corse, le chanteur se livre à un véritable état des lieux émotionnel.
Un souci de l'épure
De l'amour à la mort, de la lumière à l'ombre, Tim Dup déroule encore cette mélancolie si personnelle qui l'a révélé voilà cinq ans. Conçu en solitaire, davantage vocalisé que parlé-chanté, plus minimaliste, "Les immortelles" séduit par une frontalité sans artifices, où quelques lignes de piano épousent l'économie de mots malgré les maux confessés. Un souci de l’épure tant textuelle que musicale qui n'empêche pas un langage de plus en plus métaphorique, où la prose prend des odeurs et couleurs, révèle un sens des nuances.
Hormis l'anxiogène mais très beau "Les larmes du monde" sur l’état climatique de la planète, Tim Dup n'élargit ici que peu la focale et se concentre essentiellement sur ses états d'âme, de "Si je m'écoutais vraiment" où il rêve d'ailleurs et de légèreté jusqu'au cruel "Club des 27" évoquant la douleur de la perte de sa cousine.
En quête d'intimisme et "silence au coeur du bruit des hommes" mais parfois aussi de lâcher-prise et d'une légèreté inédite ("Regarde-nous danser", "La culotte"), Tim Dup poursuit élégamment son chemin artistique. Avec une volonté avouée aussi désormais pour ce féru de Barbara de trouver un prolongement littéraire dénué d'orchestrations à sa prose sensible.
Olivier Horner
Tim Dup, "Les immortelles" (Sony Music).
En concert au domaine Wannaz (VD), le 16 février. Un live retransmis en direct dans l'émission "Le grand soir" sur La 1ère.