Pas moins de 450 bals animent actuellement la capitale autrichienne et il y en a pour tous les goûts et pour toutes les bourses. Les prix vont d'une trentaine à plus d'une centaine de francs.
Ils sont précédés par des répétitions dans des grandes salles du centre-ville. De jeunes couples dont la mission sera d'ouvrir les bals apprennent les pas d’une chorégraphie millimétrée. On les appelle les "débutants".
Jusqu'à trois mois d'entraînement
"La plupart de ces débutants ne sont pas des danseurs professionnels, ce sont souvent des élèves ou des anciens élèves de notre école", souligne le professeur de danse Peter Leitner dans l'émission Tout un monde de la RTS.
"Pour chaque grand bal, il y a une audition lors de laquelle il faut montrer qu’on maîtrise la valse à gauche avec croisement", explique-t-il. "L’apprendre demande un peu de temps, jusqu’à trois mois d’entraînement. La chorégraphie de l’ouverture du bal, elle, exige en général trois répétitions de deux heures."
"Une part importante de l'héritage autrichien"
Parmi ses élèves, un couple de 17 ans va ouvrir son premier bal cette année, un aboutissement après plusieurs tentatives infructueuses. "On a essayé trois fois, à la troisième on a été pris et c'est quand même deux échecs qu'on a dû vivre", raconte Amandine. "On est d'autant plus fiers quand on réussit (…) C'est une part importante de l'héritage autrichien."
Ces jeunes viennent en majorité de familles plutôt aisées, "mais il y a aussi des gens des classes sociales moins favorisées et qui savent que c'est un grand honneur d'ouvrir ce bal", ajoute Benedikt.
Sous les yeux de 3000 convives
La tradition remonte au XVIIIe siècle, lorsque les bals de cour des Habsbourg ne se sont plus limités uniquement à l’aristocratie mais se sont ouverts au reste de la société viennoise. L’un des plus populaires est le bal des confiseurs, qui se déroule dans le palais impérial de la Hofburg. A 21h00, les débutants s’avancent sur la piste sous le regard attentif des 3000 convives.
Une fois leur danse terminée, l’ensemble des convives attend le signal "alles walzer!" Tout le monde peut alors rejoindre la piste pour plusieurs heures de danse, jusqu’au traditionnel quadrille collectif de minuit, toujours un grand moment, festif et chaotique.
Une alliance entre tradition et modernité
Mais la soirée est loin d’être terminée et certains resteront jusqu’à 5h du matin. D’autres styles de musique, plus contemporains, sont joués dans les différentes pièces du palais, une alliance entre tradition et modernité qui plaît à Caroline, une Suissesse installée à Vienne.
"Il y a plein de salles, on peut faire plein de danses différentes", raconte-t-elle. Ce que j'aime, c'est de voir la différence entre les jeunes, les personnes âgées traditionnelles qui font ça depuis des années. J'aime bien ce mélange de cultures et de générations dans un lieu très beau".
Des bals pour tous les goûts
Après deux ans de pandémie, les Viennois sont nombreux à venir profiter à nouveau des bals. Il y en a pour tous les goûts, des plus traditionnels, comme le bal de l’opéra, aux plus alternatifs avec par exemple le bal arc-en-ciel de la communauté LGBT.
Pour Sandra, jeune habitante de la capitale autrichienne, cela fait tout simplement partie de l’identité viennoise. "Se rendre à un bal à Vienne, c'est un incontournable, c’est quelque chose qu’il faut avoir fait quand on est Autrichien", dit-elle. "Cette tradition est profondément enracinée en nous, elle fait vraiment partie de notre culture".
De l’hôtellerie à la gastronomie, des fleuristes aux couturiers, la saison des bals fait vivre toute une économie à Vienne. La chambre de commerce s’attend cette saison à des recettes record de 170 millions de francs. Cela représente en moyenne 320 francs par bal et par personne.
Isaure Hiace/oang