C’est l’histoire étrange d’une famille et d'une adolescente. La nuit, celle qu'on surnomme "The Kid" se perd dans un rêve dominé par les écrans et les pixels, à la manière d’un jeu télévisé des années 1980. Au fur et à mesure de son exploration onirique, elle tente de revenir à la réalité.
Absurde, l’opéra "Electric Dreams" ne fait pas vraiment sens. Il n’y a pas non plus de continuité. "Il s’agit d’un opéra psychédélique et comique. Le personnage principal fait l’expérience d’un état de rêve et d’hallucination au milieu de la nuit. Il est entouré de cinq chanteurs et chanteuses. Il y a aussi deux musiciens solistes qui apparaissent au fil de l’opéra", explique le compositeur australien Matthew Shlomowitz à la RTS.
Désormais basé à Londres, c’est en 2017 qu’il achève "Electric Dreams". La première représentation a lieu à Graz en Autriche, car la production de l’opéra est assurée par la Kunstuniversität de la ville. La seconde représentation doit avoir lieu en Suisse, mais elle est annulée, pandémie de Covid oblige. "Electric Dreams" sera donc joué pour la seconde fois en 2023, au théâtre Am Stram Gram à Genève. Le rôle du Kid est interprété par l’actrice Jeanne Werner, tandis que les musiciens font partie de l’ensemble Contrechamps.
Un opéra accessible à toutes et tous
Pour rendre cette nouvelle production accessible, la metteuse en scène Sara Ostertag a décidé d’adapter l’opéra pour les enfants. Elle rajoute un chat et un chien à la famille du Kid et traduit certaines parties de l’anglais au français. La durée de l’opéra original étant d’une heure et dix minutes, elle est idéale pour une production familiale. Enfin, l’univers coloré des années 1980 est omniprésent et la musique au rythme effréné, mélange instruments classiques et modernes.
"Mon travail peut être réimaginé de manières totalement différentes, ajoute Matthew Shlomowitz. En écrivant l’opéra, je n’ai pas pensé à cet aspect. Cependant, je l’ai imaginé de manière comique et légère. Je voulais quelque chose de bizarre, de fantastique et d’étrange, mais aussi d’accessible. Même si je n’avais pas prévu d’en faire une production familiale, il semblerait qu’'Electric Dreams' parle aux familles, puisque beaucoup d’enfants ont assisté aux spectacles à Graz."
De Bruckner à Queen
"La plupart de mes pièces sont hétérodoxes, remplies de choses différentes qui se frottent et se cognent les unes aux autres. Dans le cas de cet opéra, cela devient extrême. Il y a beaucoup de références à Mahler, Bruckner, Van Halen Billy Ocean et Queen, poursuit Matthew Shlomowitz. De plus, il y a aussi des sons d’audience pré-enregistrés. De quoi confondre le public, qui va alors se demander si un autre public regarde le spectacle en même temps que lui."
Un joyeux mélange qui implique des passages musicaux techniquement difficiles, aussi pour les chanteurs et chanteuses. Sarah Pagin, qui interprète le père du Kid explique: "Lorsque j’ai lu la partition pour la première fois, je me suis dit que je n’arriverai jamais à l’apprendre par cœur. Mais si j’y arrivais, j'arriverais à tout faire! J'y suis parvenue, mais il faut être très concentrée et compter en permanence."
Propos recueillis par Anne Gilliot et Benoît Perrier
Adaptation web: Myriam Semaani
"Electric Dreams", Théâtre Am Stram Gram, Genève, du 2 au 5 mars.