Quelques semaines après l'annonce de la 2e édition du Vibiscum Festival, qui monte en puissance à Vevey, une nouvelle manifestation a été dévoilée mardi dans la région lausannoise: Hyper Ouest. Ces deux évènements, à 30 kilomètres à peine l’un de l’autre, sont le reflet d’un marché toujours plus tendu.
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De nouvelles offres apparaissent régulièrement depuis une dizaine d’années. Et cette saison, ce sera aussi le cas dans le Jura avec le Festi’live à Porrentruy et le Dritchino à Courgenay.
Avenir compliqué pour les plus petits festivals
Et ce marché pourrait encore se tendre à l'avenir. "Il y a de fortes chances qu'il y ait plus de festivals, parce qu'on n'a pas encore en Suisse romande de gros acteurs internationaux", a expliqué l'agent artistique Sébastien Vuiginier jeudi dans La Matinale de la RTS.
Et en parallèle, il est possible que certains festivals disparaissent. Les manifestations de moyenne importance (en dessous de 10'000 personnes) doivent se battre avec des cachets toujours plus hauts. "Je pense que ça risque d'être compliqué ces prochaines années pour les festivals un peu petits", a souligné cet organisateur de concerts.
Une année test pour le public des festivals
Petzi, faîtière suisse des salles et des festivals de musique à but non lucratif, voit d'un bon oeil le foisonnement actuel mais s'interroge de son côté sur la réaction du public.
"Après deux ans de pandémie, il va y avoir potentiellement un changement au niveau des habitudes", a estimé sa coordinatrice romande jeudi dans La Matinale de la RTS. "Maintenant on est de retour dans une espèce de normalité, mais cette année va être un peu l'année test par rapport aux festivals", a souligné Anja Della Croce. "Sur les gros événements, je ne suis pas très inquiète mais c'est plutôt sur les événements plus petits".
Toujours plus de pression sur les subventions
Et le dynamisme de l'offre musicale, qui augmente d’année en année, accentue aussi la pression sur les gros donateurs, qui réagissent en conséquence. Un nouveau festival vaudois souhaitant obtenir un soutien de la Loterie romande, par exemple, devra attendre sa 4e édition pour en bénéficier. C’est la règle en vigueur dans le canton depuis 2013, un changement intervenu après une multiplication des demandes d'aide.
Plus récemment, l’Etat de Vaud, celui du Valais et la ville de Genève ont aussi revu leur politique de subventions, sans réduire les montants mais en ciblant les projets et en soutenant donc moins d’évènements.
Dans l'ère post pandémie, la tendance est donc de limiter le saupoudrage pour mieux soutenir des acteurs régionaux importants et amenés à durer. Un autre défi, pour les caisses des festivals en Suisse, est l’inflation des cachets d’artistes. C'est la conséquence d’une forte concurrence nationale et internationale, qui s'est encore renforcée après la pandémie.
Julie Rausis/oang