Avec son titre poétique inspiré d'un documentaire consacré au couple composé de Frank Sinatra et Ava Gardner qui, selon la légende, tiraient des coups de feu nocturnes vers la voûte céleste, le nouvel album d'Etienne Daho s'offre tant un voyage au bout de la nuit que de l'amour.
"Au départ, j'ai été inspiré par ce documentaire. Je trouvais que l'image et la situation étaient tellement romanesques et cinématographiques. Cela rappelle les choses un peu dingues que l'on fait lorsqu'on veut séduire quelqu'un", indique à la RTS Etienne Daho.
Disque autobiographique élégant et plein de ressacs sentimentaux dans le sillage de son "Blitz" de 2017, avec quelques invités de marque en prime comme Vanessa Paradis sur la chanson-titre, "Tirer la nuit sur les étoiles" reste très fidèle à l'oeuvre pleine de clairs-obscurs et d'ambivalences tant musicales que textuelles que le chanteur français élabore depuis "Mythomane" (1981). Il accueille par ailleurs un texte d'une étudiante lausannoise, Mona Testa, intitulé "Le phare".
Climats nocturnes
Côté textes, Daho joue aussi sur l’ambivalence, en se montrant moitié ami moitié amoureux sur "Boyfriend" par exemple. Il fait souffler le chaud et le froid, évoque les désirs autant que les non-dits, les tourments comme les plaisirs, revisite sa vie entre Rennes, Saint-Malo, Paris et Londres.
En termes de sonorités, on oscille entre la pop des sixties anglophones et les orchestrations gainsbouriennes, le lyrisme orchestral et l'électronique chirurgicale. Des tonalités cinématographiques très tamisées mêlées à des touches électro dues au producteur britannique David Holmes.
Un des fils rouges de cet album très mélodique, la nuit, se montre ici festive, scintillante, pailletée, tendre, passionnée, noire ou lumineuse. Même si Etienne Daho admet ne plus être l'oiseau de nuit qu'il a été, il reste fasciné par ses pouvoirs: "La nuit est un moment de la vie où l'on laisse un peu tomber les masques, où l'on retrouve une forme de liberté, peut-être un peu plus d'authenticité en lâchant les obligations de la journée. Il y a quelque chose de magique la nuit".
L'amour et un premier "Je t'aime"
Autre dominante de "Tirer la nuit sur les étoiles", l'amour se montre sous différents atours, magnétique ou contaminant, incandescent ou évanescent. "C'est un peu la dope de cet album, mais l'album n'est pas que ça. Quand on écrit un album, on encapsule les deux années qui ont précédé son écriture, donc c'est plein de choses: la vie personnelle, les amitiés, les voyages, un bon bouquin, l'état du monde...", précise Etienne Daho qui exprime toutefois pour la première fois un "Je t'aime" dans une chanson. "Je n'osais pas par pudeur sans doute. Là, je me suis autorisé à le dire pour revenir à une forme de simplicité. C'est une petite libération".
>> A voir: le clip de "Boyfriend"
Propos recueillis par Yann Amedro
Adaptation web: Olivier Horner
Etienne Daho, "Tirer la nuit sur les étoiles" (Universal Music).