Les entrechocs et étincelles sonores de Pierre Audétat et Arthur Besson

Ces morceaux inédits synthétisent à merveille les univers des deux artistes expérimentés vaudois naviguant ici entre rock, jazz et électronique. Il y a même des motifs cinématographiques, des touches de musique classique ou contemporaine qui affleurent dans leur esthétique musicale très électrique.

Entre le clavier ou les machines d’Audétat et la guitare ou la clarinette de Besson, les étincelles jaillissent aussi souvent que les moments plus suspendus et atmosphériques. A se demander, devant ce brillant résultat, pourquoi les deux hommes, tous deux nés en 1968 et se connaissant depuis des lustres, n’ont pas collaboré ensemble plus tôt.

Forcer le destin pour réunir les deux musiciens

"On s'est rencontrés sur les bancs de l'école de jazz à Lausanne à la fin des années 1980 puis on ne s'est jamais perdus de vue. Mais on s'est dirigés ensuite vers des projets complètement différents. Pierre Audétat était sur de l'électro, sur du rap avec Silent Majority puis sur des musiques de film et moi j'étais plutôt sur le rock avec Karl Specht, la chanson avec Stéphane Blok ou les musiques pour le théâtre. On n'avait donc jamais eu la possibilité jusqu'ici de jouer ensemble même si le désir était présent et qu'on en avait parlé plusieurs fois. Mais peut-être que bizarrement on n'osait pas", explique à la RTS Arthur Besson.

Il aura ainsi fallu forcer le destin pour réunir les deux hommes sur scène, même si tout n'est pas allé de soi. "Cela coinçait au début parce qu'on s'impressionnait quand même mutuellement. Symptomatiquement, ça a été difficile d'agender la première répétition, mais une fois qu'on a commencé à répéter, tout s'est très bien passé", poursuit le guitariste et clarinettiste.

Dimension ludique et humour

Le projet instrumental de Pierre Audétat et Arthur Besson, où se glissent aussi parfois quelques voix trafiquées et borborygmes, comporte aussi une salutaire dimension ludique et une bonne dose d’humour. Que ce soit dans l’appellation de certains titres  - "Blurp", "Chickens Not Dead" - ou directement dans la composition et la trame des morceaux truffés de télescopages sonores.

Autant d’éléments qui auraient peut-être tout aussi bien pu naître en studio plutôt que sur scène. Le duo a pourtant fait délibérément le choix de l’album live, indique Arthur Besson. "Ce qui est intéressant en live, c'est qu'il y a vraiment quelque chose qui se passe sur les improvisations. Ce premier album live donne vraiment un rendu du travail à ce moment-là. Mais maintenant qu'on s'est bien trouvés et qu'on est tous les deux très enthousiastes, on a envie de se lancer dans un disque enregistré en studio pour l'année prochaine".

En confrontant leurs deux univers, Arthur Besson est en tout cas convaincu d'être parvenu à engendrer une troisième entité, "une sorte d'ovni entre punk, jazz et électro. Punk pour le côté jusqu'au-boutiste, jazz pour le côté libre plutôt que swing et électro pour les boucles".

Olivier Horner

Audétat/Besson, "Live au 22.1" (PAAB Records). Album disponible en version numérique pour l’heure. Vinyle à paraître le 22 septembre 2023.