Caroline Alves met son coeur à nu à travers quatre épisodes de sa vie qui ont pour thèmes l’image, l’image de soi, la réputation, le regard de l’autre ou encore la résilience. Au fil de son mini-album, qui succède à "Moonlight"(2020) qui lui a valu d'être sacrée "Meilleur talent" aux Swiss Music Awards il y a deux ans, elle a choisi de digérer ses expériences pesantes, néfastes et même toxiques parfois grâce à la musique qui lui permet "de tenir le coup".
Elle évoque ainsi son caractère impulsif sur "Control", qui parle plus largement de l’acceptation de soi, de la reconnaissance de ses côtés obscurs et des comportements à risque. La chanteuse aborde aussi la question du poids de la religion au sein de la cellule familiale dans la chanson-titre intitulée "Good Reputation".
Le poids de la religion dans deux chansons
Un thème plutôt rare en chanson, pour lequel elle nous donne de plus amples explications: "J'ai toujours eu une éducation assez religieuse. Quand je suis arrivée en Suisse à l'âge de 11 ans, j'étais dans un groupe religieux assez strict et fermé. Cela m'a fait louper quelques années de mon adolescence. J'en suis sortie à 16 ans grâce à la musique. Maintenant, près de dix ans après, je digère un peu tout ça. J'avais beaucoup de colère que je voulais et pouvais exprimer par la musique. Et puis de pouvoir parler de l'image de pureté et de sainteté qui pour moi n'a aucun sens", explique à la RTS Caroline Alves.
Si elle ne souhaite pas révéler le nom de ce groupe religieux, la chanteuse indique encore "l'interdiction d'avoir vraiment des amitiés en dehors de ce groupe-là" ou l'ostracisation durant sa scolarité. La planche de salut que lui offre à l'âge de 14 ans la musique, qu'elle pratique d'abord en autodidacte, lui permet de trouver une passion et un sens à sa vie: "J'ai retrouvé aussi la notion d'individu, complètement effacée par le mécanisme de la pression de la religion".
Ailleurs sur "Good Reputation", la chanteuse aux racines brésiliennes parle aussi de la culture latino dans laquelle elle a baigné, de cette fausse image de la femme forte qui fait et gère tout toute seule. Avant que la religion ne la rattrape une seconde fois, mais d’une autre manière, dans un titre très personnel baptisé "Paper Thin".
"J'avais besoin de rendre ces histoires pesantes publiques"
"La chanson évoque cette fois la relation avec un homme, où le thème du changement était très fort. Je ne me sentais pas acceptée par rapport à l'aspect physique, à mon caractère, jusqu'à arriver au point où la personne voulait que je rejoigne sa religion. Et là j'ai dit pas une deuxième fois, ça suffit merci! Cela m'a fait tout remettre en question encore une fois et écrire 'Paper Thin' à chaud dans un moment de tristesse".
Caroline Alves pourrait sans doute encore écrire des dizaines de titres sur ses déboires avec la religion et la confusion de ses sentiments. Si ses confessions très intimes pourraient apparaître impudiques à certains, la Biennoise n'en a cure: "J'avais besoin d'en parler, de rendre ces histoires pesantes publiques même si cela fait peur. Mais ça me fait du bien et la musique pour moi est vraiment thérapeutique".
Olivier Horner
Caroline Alves, "Good Reputation" (Sony Music).
En concert en première partie de Coldplay, stade du Letzigrund, Zurich, le 1er et le 2 juillet 2023.