Mercredi soir au Montreux Jazz Festival, deux artistes notables se sont partagé le haut de l'affiche. Tandis que Sam Smith a donné un show extravagant et coloré à l'Auditorium Stravinski, Christine and the Queens a proposé au public du Lab un concert en forme de pièce de théâtre autour de son dernier album "Paranoïa, Angels, True Love". Avec pour dénominateur commun: la célébration et la libération des corps.
Sam Smith, flamboyant et sexy
En corset doré, en pyjama, en bas résille, vêtu d'un voile blanc et d'une couronne ou d'un costume de diable, Sam Smith a ravi son public avec un spectacle flamboyant accompagné de danseurs, de musiciens et de choristes dans un décor aux tons dorés. Le tout pendant plus d'une heure et demie.
Décidé à satisfaire les fans de la première heure, le Londonien commence son set par les tubes "Too Good At Goodbyes", "Stay With Me", "I'm Not The Only One" et "Like I Can". Iel s'adresse ensuite au public, déclarant vouloir transformer le Stravinski "en un club gay géant où tout le monde est la bienvenue." Cela sera chose faite avec des chorégraphies endiablées durant lesquelles l'artiste n'hésite pas à prendre des poses lascives, pour le plus grand bonheur de ses fans.
L'apothéose est atteinte lors d'un interlude dédié au disco, genre musical trouvant ses racines dans les communautés queer et afro-américaines des années 1970. Comme pour un hommage, Sam Smith et ses danseurs se déchaînent sur une reprise de "I Feel Love" de Donna Summer, puis sur "You Make Me Feel" du chanteur américain Sylvester.
Les amateurs et amatrices de "Gloria", le nouvel album du chanteur anglais, ont aussi de quoi se réjouir puisqu'iel en jouera de nombreuses chansons, des choeurs d'église de "Gloria" au tube "Unholy". Lors d'un interlude, les paroles de "Vulgar", titre sorti il y a quelques semaines seulement en collaboration avec Madonna, s'affichent sur l'écran géant tandis que les danseurs et danseuses font patienter le public.
Christine and the Queens, avant-gardiste et théâtral
Du côté du Montreux Jazz Lab, l'ambiance est plutôt intimiste et avant-gardiste. À la manière d'une pièce de théâtre, Christine and the Queens emmène son public à travers son récent nouvel album baptisé "Paranoïa, Angels, True Love", composé et joué presque intégralement par le musicien, et sur lequel a aussi été convié la voix d'une certaine Madonna, suprême reine pop. Seul sur scène, torse nu, vêtu d'une veste noire ou d'ailes d'ange, il raconte son histoire à travers des chorégraphies expressives tout en récitant monologues et dialogues entre les chansons.
Inspiré par la mort de sa mère, avec laquelle il avait une relation complexe, mais aussi les anges auxquels il croit, Christine and the Queens chante dans "Paranoïa, Angels, True Love" à la fois le deuil et la liberté de choisir qui l'on est, au-delà des carcans du genre. Dans son spectacle, l'artiste qui se faisait appeler il y a peu Redcar et Chris explique au public entamer un rituel qui finira par le transformer en ange, à la fois réel et irréel. Le tout dans un décor de bois accompagné de lumières et de lasers impressionnants, représentant une sorte d'entité divine.
Si Christine and the Queens a offert un concert surprenant au public du Montreux Jazz Festival, son choix artistique était cependant risqué, puisque seules les chansons de son dernier album ont été interprétées. Les fans qui espéraient entendre les tubes des débuts comme "Christine" ou "Chaleur humaine" ont probablement été déçus.
Myriam Semaani