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Avec Louise Attaque et Phoenix, le rock français a tenté une percée à Paléo

Le groupe français Phoenix sur la scène Véga du Paléo Festival de Nyon, le 18 juillet 2023. [Paléo 2023 - Anne Colliard]
Le groupe français Phoenix sur la scène Véga du Paléo Festival de Nyon, le 18 juillet 2023. - [Paléo 2023 - Anne Colliard]
Entre plusieurs formations américaines, dont Black Eyed Peas et Interpol, les deux groupes français Louise Attaque et Phoenix sont revenus mardi soir au Paléo Festival avec les meilleures intentions pop-rock du monde. Sans toujours les concrétiser.

Il est 1h20 du matin et Black Eyed Peas termine de jouer les prolongations mardi nuit sur la Grande scène du Paléo, où le groupe de hip-hop américain emmené par Will.i.am - mais sans Fergie - a logiquement débuté sur son tube "Let's Get It Started" puis régulièrement soulevé la foule dense et dansante jusqu'à "I Got a Feeling (That Tonight's Gonna Be a Good Night") via ses habituels nombreux clins d'oeil samplés à l'histoire de la pop.

Un peu plus loin sur la scène Véga, Phoenix attend sagement de pouvoir entrer en scène avec "Lisztomania" depuis une vingtaine de minutes pour clore cette première soirée de la 46e édition du Paléo placée sous le signe du tutti frutti musical. Depuis quelques heures et le départ psychédélique donné par les Romands de Fomies sous le Club Tent, rock, pop, rap, electro et sonorités brésiliennes se sont succédé à un rythme effréné sur les scènes du Festival.

L'efficacité pop de Phoenix

A l'aide de visuels scéniques très arty composant paysages et tableaux, les Français de Phoenix ne se font en tout cas pas prier pour enfiler rapidement les perles pop mélodiques qui ont contribué à son rayonnement international depuis vingt-trois ans.

Comme pour rattraper le temps perdu, le chanteur Thomas Mars et ses cinq musiciens enchaînent avec "Entertainment", "Lasso" ou l'irrésistible "Alpha Zulu" extrait de leur dernier album éponyme en date, où ils ont renoué avec l'ADN de leur début ("United", 2000). Soit un morceau plein d’étincelles électroniques et d’une forme d’optimisme ensoleillé.

Dans un concert d'une redoutable efficacité à défaut de surprises notoires - hormis visuelles, avec le batteur et le clavier qui semblent léviter selon les projections -, Phoenix fait ensuite quelques escales du côté de l'Italie romantique avec "Ti Amo" et "Rome", convoque Monteverdi, file en Californie en citant les Beach Boys ou célèbre la nuit avec les choeurs du public sur "Tonight".

Le groupe français Louise Attaque sur la Grande scène du Paléo Festival de Nyon, le 18 juillet 2023. [Paléo 2023 - Lionel Flusin]
Le groupe français Louise Attaque sur la Grande scène du Paléo Festival de Nyon, le 18 juillet 2023. [Paléo 2023 - Lionel Flusin]

Les vingt-cinq ans de Louise Attaque

Plus tôt sur la Grande scène, leurs compatriotes de Louise Attaque faisaient immédiatement souffler le chaud sur la plaine de l'Asse en attaquant d'emblée leur prestation par leur triptyque de tubes passés composé de "J't'emmène au vent", "Ton invitation" et "Les nuits parisiennes" où s'entremêlent guitare sèche ou électrique et violon.

Une fois débarrassé de son héritage assumé et décrit comme un "passeport pour la fête", la formation du chanteur Gaëtan Roussel qui célèbre ses vingt-cinq ans d'existence s'aventure du côté de l'album de son grand retour paru en novembre dernier, "Planète Terre". Et des titres comme le tamisé "Lumière du soir" ou le plus orchestré "Sortir de l'ordinaire" de connaître une certaine indifférence du public malgré leurs qualités.

Le gimmick plus ancien et reconnaissable de "Si l'on marchait jusqu'à demain" notamment vient briser les torpeurs momentanées d'une prestation également accompagnée de visuels léchés et d'un batteur très haut perché sur une estrade l'espace d'un moment sentimental.

Bien qu'armés des meilleures intentions pop-rock du monde, Louise Attaque et Phoenix auront livré des prestations assez attendues sur les deux principales scènes de Paléo. Enthousiasmant que par intermittence, mais réussissant tout de même à tirer leur épingle du jeu entre les concerts rock et punk trop convenus d'Interpol et Frank Carter & The Rattlesnakes ou le show purement divertissant de Black Eyed Peas.

Olivier Horner

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