Elle a failli manquer son rendez-vous avec Paléo en ratant son TGV Paris-Genève, alors que ses musiciens et danseurs faisaient déjà trempette dans le Léman au large de Nyon sur un bateau. Il aura finalement fallu une escorte policière pour qu'Aya Nakamura arrive presque à l'heure sur la Grande scène du Festival samedi soir.
Chansons sentimentales chaloupées
Après dix minutes de retard, la chanteuse francophone la plus écoutée au monde fait son entrée au milieu de six musiciens et deux choristes pour un "Haut niveau" qu'elle ponctue d'un "bonsoir Genève" à l'image d'un Johnny Hallyday des années plus tôt. Elle se fait huer mais se voit aussitôt pardonnée.
Si les choses commencent donc mal, la Franco-Malienne en short noir, brassière blanche et boucles d'oreilles créoles argentées ne se démonte pas et reprend son cap avec son chapelet de chansons sentimentales chaloupées et parfois chaotiques (les violences conjugales dans "Bobo"), où danseuses et danseurs livrent parfois quelques collés-serrés lascifs.
Percussions et rythmiques antillaises
De "SMS" et "40%" à "Beleck", "Pookie" et l'épilogue plein de choeurs de "La dot", Aya se déhanche et chante presque en toute simplicité, avec davantage de nuances qu'un temps et sans moues ni airs surjoués.
Sans bande sonore préenregistrée ni d'excès d'autotune dans son dispositif live comme c'est le cas dans ses albums, Aya Nakamura a choisi de vocaliser sur de nombreuses percussions, entre rythmiques antillaises, zouk et rumba africaine. La performance permet en tout cas de donner davantage chair à son lexique polyglotte, sa novlangue pleine d'allitérations et d'argot réinventé. Même si l'interprétation souffre encore d'un manque de charisme.
Concert en forme de long fleuve tranquille
Le reste de sa prestation en forme de long fleuve tranquille, souvent repris en choeur par un public intergénérationnel, connaît évidemment quelques pics de communion sur "Copines", "Jolie nana", "Dégaine" et l'insubmersible "Djadja" traversé des fulgurances d'une guitare électrique et des hurlements de joie du public.
Sans strass ni paillettes, cette prestation presque à la cool d'Aya Nakamura se mue finalement en agréable surprise malgré le manque de nuances et variations musicales. Loin du pur produit de r'n'b synthétique en tout cas.
Olivier Horner
Aya Nakamura sera en concert à la Vaudoise Arena, Prilly, le 15 octobre 2023.