Sélectionnée par l’organisme Swiss Music Export pour présenter fin septembre à Hambourg son dernier EP, "Electrum", dans le cadre du Reeperbahn, La Colère représentera avec une poignée d’autres artistes la richesse de la scène helvétique.
Ce grand festival dédié aux découvertes européennes et point de rencontre des professionnels de l’industrie musicale accueillera aussi les talents de Andrina Bollinger, du rappeur Di-Meh ou du chanteur Sam Himself. La présence de La Colère récompense en tout cas sa progression artistique depuis cinq ans et son premier enregistrement en 2018 baptisé "Surface".
L'occasion de demander à la chanteuse et musicienne, considérant son patronyme artistique comme une pulsion vitale plutôt qu’une rage négative, comment elle percevait son évolution. "Comparé à mon premier concert à Genève Antigel, où je sortais de ma chambre pour me retrouver sur scène, j'ai pu progresser, me professionnaliser et bien m'entourer. Grâce notamment à la Fondation pour la chanson et les musiques actuelles (FCMA) qui m'a accompagnée dans les projets francophones. Il y a une direction qui est en place et qui, bien sûr, va continuer à évoluer. Mais avec le recul, je me dis qu'un beau travail a été fourni", explique à la RTS La Colère.
"Mes morceaux ont un petit côté balnéaire"
De nature patiente, Marcelline Gamma de son vrai nom pense aussi n'avoir pas forcément été prête au succès de certains de ses premiers titres publiés peu avant la pandémie ("La vague", "La plage"). La Genevoise "estime important d'avoir le temps en tant qu'artiste de pouvoir essayer et expérimenter certaines choses".
Adepte d’un rétro-futurisme électro-pop plein de synthétiseurs analogiques et de mélancolie rêveuse, La Colère a le don de ciseler des paysages musicaux avec de beaux reliefs. Son dernier EP de sept titres paru en fin d’année dernière est un mélange de morceaux inédits et d’anciennes chansons que La Colère n’avait pas pu défendre sur scène à cause du Covid.
"On a réfléchi à intégrer dans 'Electrum' une sélection d'anciens titres pour pouvoir enfin les faire vivre sur scène. Pour les morceaux inédits composés pour compléter la sortie de l'EP, ils s'inspirent tous de ma vie comme le reste de mes titres. C'est ce qui me traverse. Il y a un petit côté balnéaire, car je suis très attachée à la mer, j'adore surfer. Il s'avère que j'ai vécu beaucoup de choses autour de ça ainsi qu'un chagrin d'amour à l'autre bout du monde et c'est ce qui m'a poussée à composer sincèrement pour aller de l'avant", détaille La Colère.
"Pendant très longtemps, je n'ai pas assumé l'électro"
Son répertoire ambivalent entre ombres et lumières, chaleur et froideur mêle ainsi habilement instruments organiques (basse, percussions) et le côté glacial de l'électro scandinave.
La découverte des synthétiseurs, des logiciels pour musique assistée par ordinateur et de la musique électronique lui a en tout cas ouvert les yeux sur un autre monde, d’autres champs des possibles, comme elle l’explique: "J'ai eu un coup de foudre à 13 ans pour Röyksopp grâce à mon grand frère et à ma grande soeur qui écoutaient ses albums. Ces sonorités m'ont traversée, sans que j'arrive à expliquer pourquoi. Pendant très longtemps, je n'ai pas assumé l'électro, car j'étais passée par le metal et le rock quand j'étais adolescente et que mes amis me disaient que l'électro, où on appuie sur des boutons, ce n'était pas de la musique."
La Colère estime ainsi que son côté rétro-futuriste provient à la fois de ce bagage musical hérité des années 1980 et 1990 et de ses études de jazz, de musique classique et de klezmer par le biais de l'apprentissage précoce de la clarinette à l'âge de 5 ans. "Ce mélange est, je pense, une force musicale". Sans doute.
Olivier Horner
La Colère en concert aux Francomanias, Bulle, le 2 septembre; Reeperbahn Festival, Hambourg, le 21 septembre; Foire du Valais, Martigny, le 30 septembre 2023.