En août 2021, les talibans prennent le pouvoir en Afghanistan. Pour continuer à pratiquer leur art, les jeunes musiciens et musiciennes de l’Afghan Youth Orchestra n'ont d'autre choix que de quitter leur famille et leur patrie pour s'exiler à l'étranger. Certains et certaines sont tout juste adolescents.
Directeur de l’Institut national de musique à Kaboul, Ahmad Sarmast s’est battu pour que ses élèves trouvent refuge au Portugal et puissent continuer d'étudier la musique. "L’Afghanistan est la seule nation au monde à être silencieuse. Nous jouons pour protester contre l’interdiction de la musique dans notre pays, nous protestons pour le droit des femmes et contre l’oppression", explique-t-il à la RTS.
Faire entendre les musiques traditionnelles
Aujourd'hui, cet orchestre formé d'une quarantaine de jeunes âgés de 14 à 20 ans sillonne l’Europe pour partager la musique traditionnelle d'Afghanistan. "Je me sens forte. Je joue dans cet orchestre pour ma communauté. Dans chaque pays, nous voulons faire passer le message que les Afghans n’arrêteront pas de jouer de la musique", indique une jeune musicienne.
Le 6 septembre 2023, la formation s'est produite aux côtés de l'Orchestre de chambre de Genève au Victoria Hall de Genève. Au programme de cette soirée intitulée "Music From a Silent Land", des pages de musiques traditionnelles afghanes tout comme des oeuvres occidentales.
Au-delà du silence
"Cela a été un concert merveilleux, rapporte sur le plateau du 19h30 de la RTS Sevinch Majidi, 19 ans, violoniste au sein de l'Afghan Youth Orchestra. Il y avait beaucoup d'émotion, nous étions contents de rompre le silence par la musique. (...) Cela a été très dur de quitter notre pays, de laisser notre famille et nos amis derrière nous. Nous sommes venus ici car nous voulions continuer à jouer et à faire vivre notre musique".
Les adolescentes Farida et Zohra, violoniste et trompettiste, ne disent pas autre chose. Loin de leurs familles et malgré le manque, elles s'estiment chanceuses: "En Afghanistan on ne peut pas étudier, aller à l’école ou travailler, surtout si on est une femme. Ici, nous nous sentons en sécurité, nous pouvons jouer de la musique et faire ce que nous voulons. Les gens sont libres. Nous sommes une voix pour toutes les personnes qui ne peuvent pas jouer de la musique là-bas". Leur rêve? Poursuivre leur carrière de musicienne.
La formation afghane se produira encore le 11 septembre à l’ONU à Genève lors de la 54e session du Conseil des Droits de l’homme, pendant laquelle le sort de l'Afghanistan sera au premier plan.
Sujet TV: Sarah Jelassi
Adaptation web: mh