Un an après "Honestly, Nevermind", Drake revient avec "For All The Dogs" ("Pour tous les chiens"), un huitième album studio contenant vingt-trois titres à la production maîtrisée. Si le disque est sorti début octobre, son histoire commence pourtant déjà en juillet avec la publication de "Titles Ruin Everything" ("Les titres gâchent tout"), un recueil de poèmes courts que Drake rédige avec l'écrivaine Kenza Samir, une collaboratrice de longue date du rappeur en matière d'albums.
Drake signe d'ailleurs l'ouvrage de son vrai nom, Aubrey Graham. La promotion de cette publication est accompagnée d'un code QR. Scanné, ce dernier conduit vers une page web affichant deux chiots et un message: "J'ai fait un album pour accompagner le livre... Ils disent que l'ancien Drake leur manque, ne me tentez pas. Pour tous les chiens."
Ex-conquêtes
Sur la pochette de "For All The Dogs", dessinée par le fils de Drake, Adonis, se tient une silhouette animale - une chèvre - aux yeux rouges. Une pochette au fond noir presque malaisante, à l'image des relations et conquêtes passées souvent malsaines que l'artiste décrit dans ses chansons. Il y laisse parfois des indices, à la source de spéculations de la part des fans et des critiques.
Dans "Virginia Beach" par exemple, Drake pourrait ainsi s'adresser à la chanteuse et entrepreneuse Rihanna. Il déclare: "Tu dis que j'aurais pu mieux te traiter, mais je ne sais pas, je pense que j'étais bon/ Et tu sais comment tu tires des conclusions comme si tu avais un diplôme de Parsons/ J'aurais pu mieux te traiter, c'est n'importe quoi/ Absolument pas." Rihanna est en effet diplômée de manière honoraire par l'école de design Parsons depuis 2017.
Idem avec la chanson "7969 Santa", dont le titre fait référence à l'adresse d'un club de Los Angeles nommé Delilah. Les fans n'ont pas tardé à lier ce nom à celui de la chanteuse londonienne Lilah Pi, Delilah de son vrai nom, qui aurait pu avoir une liaison avec le rappeur.
Des collaborations de stars
Pour cet album, Drake s'est entouré de gros noms en matière de hip-hop. Les rappeurs américains 21 Savage, Yeat, J. Cole et Snoop Dogg, la chanteuse américaine de R'n'B en vogue SZA ou encore le rappeur portoricain Bad Bunny apparaissent sur le disque. La production est aussi assurée par des pointures du genre comme le rappeur américain Lil Yachty.
Si dans la majorité des titres, Drake raconte de son propre point de vue des relations s'étant terminées sur un échec, "Slime You Out", en collaboration avec SZA, est plus subtil. Les deux artistes semblent se répondre lorsque Drake déclare: "Je ne sais pas ce qui cloche avec vous les filles [...] J'ai rencontré le gars avec qui tu penses me remplacer [...] La prochaine fois, je vais t'utiliser pour les choix de gamins que tu as faits". Puis SZA de chanter: "Ces mecs me perdent/ Comment peux-tu être honnête mais faire la victime au téléphone?/ Je peux sentir que tu es paumé/ J'ai trop de fierté pour laisser un mec qui m'a trompée m'utiliser."
Enfin, Adonis, le fils de Drake, apparaît dans le clip de "8 A.M. In Charlotte". Il y explique comment il a dessiné la pochette de l'album de son père. La chanson parle à la fois du succès de Drake, de ses détracteurs et du revers de la médaille.
Une production ultraléchée
Pour Anne Gillot, musicienne et productrice à la RTS, "écouter ce disque, c'est comme si vous aviez tout à coup les oreilles de Superman. Tout devient extrêmement net, vous êtes dans l'archimonde du numérique. N'importe quel petit son, comme une respiration, va s'insérer dans l'image de manière parfaite. La production est incroyable. Les harmonies qui accompagnent la voix de Drake sont subtiles et il surfe là-dessus. Je suis en revanche beaucoup moins réceptive à la machine tout autour, faisant 'durer' la musique", précise-t-elle lors du débat musique de l'émission Vertigo.
Au milieu de l'univers numérique de "For All The Dogs", Jean-François Albelda, journaliste culturel au Nouvelliste, sent pourtant quant à lui "la voix de Drake très humaine, très différente de la froideur de l'intelligence artificielle." Avant la sortie de son album, le rappeur a en effet été victime de nombreuses fausses collaborations, créées grâce à l'intelligence artificielle capable de répliquer sa voix.
Myriam Semaani
Drake, "For All The Dogs" (OVO/Republic Records).
Le rappeur canadien annonce une pause dans sa carrière pour "se concentrer sur sa santé"
Drake a annoncé vendredi dernier, jour de la sortie de son nouvel album, qu'il allait faire une pause "d'un an ou plus" dans sa carrière musicale pour "se concentrer sur sa santé", citant des "problèmes d'estomac".
"Je ne ferai probablement pas de musique pendant un certain temps, je vais être honnête", a expliqué l'artiste dans son programme radio "Table For One". Et d'ajouter: "Je dois me concentrer sur ma santé et me remettre sur pied".
Se voulant rassurant, Drake a précisé que ce n'était "rien de grave", expliquant qu'il a eu "toutes sortes de problèmes avec son estomac" depuis plusieurs années.
Il a également déclaré qu'il avait d'autres choses à faire pour des personnes à qui il avait fait des promesses, sans donner plus de détails. afp
Drake utilise une chanson de Pet Shop Boys sans leur autorisation
Sur le titre "All the Parties", la voix autotunée de Drake répète "East End boys and West End girls, yeah" comme l’ont fait les Pet Shop Boys lorsqu’ils ont enregistré la chanson "West End Girls" il y a près de quarante ans.
La chanson sortie en 1984 a été le premier single et succès du groupe britannique de synthé-pop. Pet Shop Boys affirme aujourd'hui que Drake interprète ces paroles sans leur autorisation.
"Surprenant d’entendre Drake chanter le refrain de ‘West End Girls’ dans le morceau ‘All the Parties’ sur son nouvel album, a écrit le groupe dans un tweet. Aucun crédit n’a été donné et aucune permission n’a été demandée".
Drake n'a pas réagi encore à ces accusations.