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Dans "Hackney Diamonds", The Rolling Stones refont briller leur classicisme rock

Le groupe britannique The Rolling Stones. [DR - Mark Seliger]
Dans "Hackney Diamonds", The Rolling Stones refont briller leur classicisme rock / Vertigo / 8 min. / le 20 octobre 2023
Après un premier single dévoilé début septembre, The Rolling Stones publient leur 24e album studio baptisé "Hackney Diamonds". En douze titres relustrant sa grammaire rock bien huilée, le mythique groupe britannique fondé en 1962 et emmené par un fringant Mick Jagger se rappelle à notre bon souvenir.

Le clin d'oeil vaut son pesant d'or. "Hackney Diamonds" s'achève par "Rolling Stone Blues", une reprise de la chanson de Muddy Waters qui a donné son nom au groupe. La guitare de Keith Richards, la voix grognée et l'harmonica de Mick Jagger reviennent fébrilement là où tout a commencé.

Ce retour symbolique aux sources musicales de l'emblématique groupe britannique affleure tout au long de ce 24e album studio qui ravive par bribes l'esprit rock'n'roll brut de ces Rolling Stones affichant soixante ans de carrière. Et qui le 6 septembre dernier avaient annoncé en grande pompe dans le quartier de Hackney à Londres leur retour discographique avec "Angry". Une colère qui ouvre tambour battant ce premier enregistrement studio constitué de chansons originales depuis dix-huit ans et le dispensable album "A Bigger Bang".

Le spectre du batteur Charlie Watts

Mick Jagger, qui a fêté fin juillet ses 80 ans, Keith Richards et Ronnie Wood avaient alors été interviewés par l'animateur de télévision et humoriste américain Jimmy Fallon et l'entretien retransmis en direct sur YouTube. Un événement planétaire qui n'avait finalement révélé que peu de détails sur les douze titres composant cet attendu "Hackney Diamonds" qui paraît ce vendredi.

Premier album sans le légendaire batteur Charlie Watts qui s'est éteint en 2021 à 80 ans, mais qui fait toutefois une apparition furtive au côté du bassiste original Bill Wyman le temps d'un hommage ("Live by the Sword" qui accueille encore Elton John au piano), "Hackney Diamonds" a été enregistré dans divers endroits à travers le monde entre Los Angeles, Londres, les Bahamas, New York et la Jamaïque, où ses bases rythmiques et mélodiques ont été posées. Retardé en raison du Covid, l'album résulte aussi d'une première collaboration avec le producteur et musicien new-yorkais Andrew Watt (Iggy Pop ou Elton John).

"Hackney Diamonds" se veut surtout un rappel de ce qui fait la grandeur des Stones, un résumé de son parcours au long cours. L'objectif a été de capturer une immédiateté similaire au classique "Some Girls" (1978), enregistré en quelques semaines à Paris. "Les Stones sont là pour vous faire sourire. Il se passe suffisamment de mauvaises choses. Nous voulons que les gens soient heureux", va par ailleurs jusqu'à dire Ronnie Wood.

Entre irrévérence et bienséance

Si on esquisse ainsi quelques sourires à l'écoute de certains morceaux, c'est justement en raison de la volonté des Stones de revisiter leur panthéon. A l'image d'un répertoire qui intègre éclairs punk, gospel, rock, country, blues, pop, accents funky et groovy.

Entre irrévérence et bienséance, morceaux énergiques et ballades, The Rolling Stones se rappellent ainsi leurs origines et réenchantent leur passé sur "Whole Wide World", quand ils partageaient notamment un misérable appartement enfumé à Fulham, en Angleterre au début des années 1960. Dans l'âpre "Bite My Head Off", avec le concours à la guitare basse de Sir Paul McCartney, ils se remémorent sans doute les années punk où les concerts pouvaient se terminer en bagarre générale ou en émeute.

Tandis que "Sweet Sounds of Heaven", titre blues-rock infusé de gospel, se place dans l'orbite de morceaux historiques comme "You Can't Always Get What You Want" (1969, sur l'album "Let it Bleed"), "I Got The Blues" (1971, sur "Sticky Fingers") et "Shine a Light" (1972, sur l'album "Exile on Main Street") avec en prime Lady Gaga en invitée de marque vocale et Stevie Wonder aux claviers. Un morceau qui sort clairement du lot.

A ses saillies répondent des chansons plus apaisées et mid tempo telles que ce "Dreamy Skies" (qui rappelle l’atmosphère de "Sweet Virginia" daté de 1972) en forme d'ode à l’abandon de la vie citadine pour la campagne ou la plaintive "Tell Me Straight" composée par Keith Richards. Autant de moments contrastés qui font de ce 24e album studio kaléidoscopique des Rolling Stones une bonne surprise, à défaut d'être mémorable.

Olivier Horner

The Rolling Stones, "Hackney Diamonds" (Universal Music).

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