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La compositrice et pianiste de jazz américaine Carla Bley est morte à 87 ans

La pianiste américaine Carla Bley sur la scène du Nice Jazz Festival le 22 juillet 2009. [AFP - VALERY HACHE]
Séquence 2 / Vertigo / 2 min. / le 18 octobre 2023
Grande figure du free jazz, l'Américaine Carla Bley est décédée mardi à l'âge de 87 ans au nord de New York des suites de complications liées à une tumeur au cerveau, ont rapporté plusieurs médias américains en citant son partenaire de longue date, le bassiste Steve Swallow.

Née en 1936 en Californie, Carla Bley laisse derrière elle un héritage musical important. Elle a été saluée très tôt comme une pionnière de l'avant-garde. Les observateurs louaient son jeu avec les harmonies tonales et les rythmes conventionnels. Dans ses compositions, elle combinait parfois de manière ironique des éléments de jazz, de rock et de modernité européenne.

Carla Bley a composé plusieurs succès du répertoire jazz, comme "Sing Me Softly Of The Blues", "Mother of the Dead Man", "Ida Lupino", "Vashkar" et "Ictus". Au cours d'une carrière de six décennies en tant que compositrice, arrangeuse et chef d'orchestre, elle a été saluée pour ses œuvres enregistrées sur une vingtaine d'albums entre 1966 et 2020. Le dernier, il y a trois ans, s'intitulait de façon prophétique "Life Goes On" ("La vie continue").

Coup de foudre pour le jazz

De son vrai nom Lovella May Borg, Carla a été initiée à la musique par son père Emil, organiste d'église en Californie, qui fut aussi son premier professeur de piano. Après une enfance dominée par les services religieux plutôt que par le cinéma et la culture pop, elle goûte pour la première fois au jazz à l'âge de 12 ans, lors d'un concert de Lionel Hampton, et c'est un véritable coup de foudre.

À 17 ans, elle fait de l'auto-stop jusqu'à New York. Elle est "cigarette girl" au Birdland, le club du Village où joue l'orchestre de Count Basie et où le grand pianiste Paul Bley la remarque. En 1957, il devient son premier mari et l'encourage à écrire. Pendant ces années, Carla fréquente et collabore avec certains des plus grands musiciens d'avant-garde, du trompettiste Don Cherry au contrebassiste Charlie Haden en passant par le vibraphoniste Gary Burton.

De nombreuses collaborations

Plus tard, Carla Bley a collaboré avec de nombreux musiciens de rock et a continué à travailler sur des arrangements pour le Liberation Music Orchestra de Charlie Haden, un ensemble légendaire qui combinait le jazz expérimental avec le folk et la musique traditionnelle et composa notamment des chansons pour Nick Mason, le batteur de Pink Floyd.

A la fin des années 1960, Carly Bley compose l'opéra jazz-rock "Escalator Over The Hill". Cinquante-trois musiciens participent à son enregistrement, issus en grande partie de l'élite du jazz et du rock de l'époque. Publié sur trois 33 tours qui ont remporté le prestigieux Grand Prix du Disque en 1973, l'oeuvre possède un livret signé du poète Paul Haines.

En 1984, elle se produit au Montreux Jazz Festival avec le Carla Bley Band, un orchestre d'une dizaine de musiciens.

Carla Bley au Montreux Jazz Festival le 20 juillet 1984. [Keystone - STR]
Carla Bley au Montreux Jazz Festival le 20 juillet 1984. [Keystone - STR]

Au Cully Jazz Festival il y a onze ans

Malgré des limites musicales claires, Bley surprenait et provoquait souvent. Dans une biographie publiée en 2011, sa musique était décrite comme un mélange de "populaire et hautement cultivé, à la fois tangible et mystérieux, un équilibre de gaieté et de mélancolie, avec des clins d'œil et de la profondeur".

Dès les années 2010, elle se concentre sur la forme trio avec le saxophoniste Andy Sheppard et le bassiste Steve Swallow. C'est dans cette formation qu'elle s'est produite encore à l'orgue au Cully Jazz Festival en 2012, à l'âge de 75 ans.

mh avec ats

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