Une grille tarifaire mise au point à Genève pour une rémunération plus juste des musiciens
La pandémie de Covid-19 avait mis en lumière la grande précarité des artistes, en particulier dans le domaine des musiques actuelles. Aujourd'hui en Suisse, un musicien touche en général entre 0 et 300 francs pour un concert. Ces cachets dérisoires ne tiennent pas non plus compte du temps consacré aux répétitions.
Afin de savoir quelle serait la juste rémunération d'un musicien, la ville et le canton de Genève ont demandé à la Fédération genevoise des musiques de création (FGMC) de se pencher sur la question. Celle-ci a mis au point une grille tarifaire qui fixe les cachets qu'il faudrait verser aux artistes.
Pour la FGMC, un musicien devrait toucher 100 francs de l'heure ou, pour un concert isolé, un forfait équivalent à un jour et demi de travail, soit environ 700 francs. "Le milieu estime que c'est la valeur que ça a et qu'on devrait si possible s'aligner là-dessus", explique le bassiste Manu Hagmann, membre du comité de la FGMC, dans le 19h30 de la RTS.
Application progressive
L'espoir du musicien et du reste de la fédération est que cette grille soit "de plus en plus reconnue et pratiquée de manière large par les différents acteurs de la branche".
La ville et le canton de Genève en ont d'ores et déjà pris acte et comptent appliquer ces tarifs progressivement. "Ça ne se fera pas du jour au lendemain, mais il faut au moins qu'il y ait une dynamique positive", affirme Sami Kanaan, conseiller administratif de la ville de Genève.
"La première étape, c'est que nous-mêmes, la ville de Genève, quand on est commanditaire d'un travail artistique et culturel, on donne l'exemple", ajoute-t-il.
Augmentation des subventions?
Dans un deuxième temps, l'idée est que les lieux de concerts subventionnés appliquent eux aussi ces tarifs, ce qui inquiète l'association Petzi, qui fédère 200 salles de concerts et festivals dans tout le pays.
Pour Anya Della Croce, coordinatrice romande de Petzi, faire appliquer de tels tarifs paraît peu envisageable sans une augmentation des subventions.
"Ce sont des structures qui sont extrêmement précaires déjà aujourd'hui", explique-t-elle. "Donc de leur imposer de tels tarifs pour des artistes locaux ou des artistes suisses, ça paraît très compliqué sans une augmentation des soutiens publics."
La décision d'une éventuelle hausse des subventions se fera au niveau politique et dépendra des budgets votés par les Parlements.
Mathieu Lombard/edel