La 45e édition des Trans Musicales de Rennes prend l'accent suisse

Toujours à la recherche de l'inédit et de l'inclassable, les Trans Musicales de Rennes (France) ont lancé leur 45e édition mercredi 6 décembre avec un coup de projecteur inédit braqué sur la scène helvétique. Un focus rendu possible notamment grâce à Swiss Music Export qui finance les déplacements des artistes de cette délégation helvétique hétéroclite.

Cette année, parmi les quatre-vingts groupes ou artistes de trente-cinq nationalités différentes programmés et explorant toute la palette des genres musicaux, une dizaine provient de Suisse. Une majorité émane par ailleurs du label genevois Bongo Joe qui célèbre ses dix ans d'activisme sonore mondialisé, et se voit ainsi octroyer au sein du festival breton une place de choix au même titre qu'une forme de consécration.

En plus de ses six poulains romands dont Yalla Miku, Bound By Endogamy et Citron Citron, Bongo Joe est également représenté à Rennes par Blanco Teta, quatuor rock et transféministe à la sauvagerie punk provenant d'Argentine et de Colombie, et la formation franco-sénégalaise Ndox Electrique qui mêle transe africaine, riffs post-industriels, percussions et chant.

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Coup de projecteur sur Bongo Joe

"Consécration est un grand mot qui me gêne. Mais se faire valider par un festival prescripteur comme les Trans Musicales est l'aboutissement d'un travail long et de l'ombre, même si des artistes de Bongo Joe ont régulièrement joué à Rennes ces dernières années", explique dans l'émission Vertigo du 7 décembre Cyril Yeterian, patron de Bongo Joe et musicien qui s'est produit mercredi soir à l'UBU avec l'un de ses groupes, Yalla Miku.

Cyril Yeterian relève par contre une filiation qui le rend fier. "La seule fois que les Trans ont mis en avant un label auparavant, c'était pour saluer le label belge Crammed que je considère comme père ou influence de nos activités. Dans les années 1980 et 1990, ils ont pris des risques, été prescripteurs en dynamitant ce qu'on appelait alors la world music. On est aussi des expérimentateurs et explorateurs à notre manière. On préfère l'aventure".

Les Trans et la Suisse, une longue histoire

Cette mise en lumière est somme toute assez logique lorsqu'on sait que Jean-Louis Brossard, directeur artistique et cofondateur des Trans Musicales, est un fin connaisseur de la scène suisse depuis les années 1980. Il avait fait venir le groupe punk-rock zurichois Liliput qu'accompagnait alors un certain Stephan Eicher, puis plus tard The Young Gods notamment.

"Il y a une véritable histoire entre les Trans et la musique suisse, surtout que le club de l'Ubu était jumelé à l'époque avec la Dolce Vita à Lausanne. Pour moi, la Suisse est véritablement un pays de musique, davantage que d'autres pays en Europe. Et le label Bongo Joe que je suis depuis le groupe exceptionnel Mama Rosin est sans doute aussi explorateur que nous", indique Jean-Louis Brossard.

Le marché des programmateurs

L'aventure résonne d'ailleurs dans divers lieux rennais entre pop, rock, électro, funk, jazz et toutes leurs combinaisons imaginables en anglais, français, italien, gallois ou indonésien, faisant des Trans Musicales un rendez-vous international unique en son genre.

Les professionnels de la musique du monde entier viennent ainsi y faire leur marché pour remplir leur programmation de salles, clubs ou festivals. A l'image de Gilles Valet, programmateur du Festival de la Cité à Lausanne: "On partage beaucoup d'esthétiques similaires avec les Trans, dans le fait notamment de regarder vers les musiques d'Afrique, d'Asie, d'Amérique du Sud. Et on partage aussi cette chance de programmer des inconnus devant un grand public".

Olivier Horner

45e Rencontres des Trans Musicales, Rennes (F), jusqu'au 9 décembre 2023.