Rétrospective: cinq albums coups de coeur de jazz, musique du monde et de films sortis en 2023

LES CHOIX DE PASCAL KNOERR

Chanda Dancy, "Lawmen: Bass Reeves" (Lakeshore Records)

2023 a été une année remarquable pour trois compositrices de film nord-américaines: Laura Karpman ("The Marvels", "American Fiction"), Natalie Holt (la série "Loki") et Chanda Dancy. Cette dernière, saluée l’an passé pour l’excellente musique du film "Devotion", a publié en novembre la bande originale de "Lawmen: Bass Reeves", une mini-série inspirée de la vie de l’un des premiers marshalls afro-américains. La partition suit les codes de la musique de western, ample et parfois âpre, tout en lorgnant vers la musique contemporaine. Une fusion passionnante et une artiste à suivre avec attention.

Lorne Balfe, "Mission: Impossible – Dead Reckoning Part One [Extended Edition]" (Sony Classical)

Le septième opus des aventures de l’agent Ethan Hunt, interprété par Tom Cruise, n’a pas rencontré à sa sortie le succès escompté malgré ses indéniables qualités. Pour la musique, le compositeur écossais Lorne Balfe, déjà à la manœuvre sur le volet précédent, se surpasse. Il produit une ambitieuse partition de thriller toute en percussions et cordes virevoltantes qui repique et remixe à l’infini le thème original mythique de Lalo Schifrin. Grâce à une édition intégrale de la bande originale d’une durée de près de trois heures, disponible en ligne, on peut apprécier l’étendue de l’inventivité de Lorne Balfe.

LE CHOIX DE JULIE HENOCH

Raül Refree, "El espacio entre" (Tak:til)

Une production d'orfèvre pour cet album solo du Barcelonais Raül Refree - aussi connu pour faire avancer les musiques traditionnelles avec ses collaborations avec Rosalia, Rocío Márquez, Niño de Elche ou encore Rodrigo Cuevas. "El espacio entre" mêle avec une immense justesse madrigaux baroques et synthèse sonore.

>> A écouter aussi,

la chronique de Musique matin du 3 mai consacrée à Raül Refree

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Wikicommons/ CC-BY-SA-4.0 - GuillemMedina

LE CHOIX DE BENOIT PERRIER

Naïssam Jalal, "Healing Rituals" (Les couleurs du son)

Ca commence par un souffle, celui d’un "Rituel du vent"; et tout de suite on est à l’écoute. Flûtiste, compositrice, Naïssam Jalal s’est donné un cap pour cet album: composer huit rituels de guérison. Dans un jazz fervent et virtuose qu’irriguent les musiques arabe, gnawa et hindoustani, elle dialogue avec trois musiciens: contrebasse, violoncelle, batterie. Pas une note de trop ici, une discipline dans la retenue qui force l’admiration. Ecouter cet échange, c’est aussi réfléchir à la transe, tant celle des interprètes que la nôtre à leur écoute. Parcours singulier, dont on ressort toujours changé.

>> A écouter aussi, la chronique de l'Echo des pavanes du 15 avril dédiée à Naïssam Jalal :

DR - Alexandre Lacombe

LE CHOIX D'IVOR MALHERBE

DDK, "A Right to Silence" (Meenna)

"A Right to Silence" ou "Le Droit au Silence" vous fera entrer dans trois univers tirés d’un seul événement. Du silence au fortissimo qui sauront vous interpeller, ces trois-là ne laissent jamais indifférent.

Au début de l’été 2021, trois complices de longue date se retrouvent pour une résidence d’improvisation libre au Théâtre le Colombier à Les Cabannes en France: Jacques Demierre au piano, Axel Dörner à la trompette et Jonas Kocher à l'accordéon.

Cinq jours de liberté respectée, choyée, cultivée, nourrie par ces maîtres de l’improvisation. Un projet qui pousse le libre choix de chacun jusqu’à laisser chaque musicien choisir quelle pièce sera présente sur son disque, car nous avons un triple album entre les mains.

>> A écouter aussi, la chronique de Musique matin du 22 décembre consacrée à DDK :

Peter Gannushkin - Peter Gannushkin