A l'occasion des vingt-cinq ans de la disparition de Michel Petrucciani, le journaliste français Franck Médioni consacre plus de 400 pages au prodigieux pianiste et compositeur de jazz, petit de taille car rongé par la maladie des os de verre. Une maladie génétique rare et incurable qui se caractérise par une grande fragilité osseuse.
Dans sa biographie intitulée "Michel Petrucciani, le pianiste pressé" publiée le 4 janvier, Franck Médioni raconte son rêve précoce de devenir pianiste comme le célèbre compositeur, pianiste de jazz et chef d'orchestre américain Duke Ellington. Michel Petrucciani commence le piano à l'âge de 4 ans, joue avec les premiers grands noms du jazz à 13 ans et finira par devenir leur partenaire régulier: Charles Lloyd (qui signe la postface du livre), Lee Konitz, Gary Peacock ou Wayne Shorter.
Une vie rythmée par un compte à rebours
Petrucciani se sait condamné par la maladie, ses os se fracturent même pendant ses concerts. Il sait "que ses jours sont comptés, que sa vie sera courte, donc il va vite, très vite", précise ainsi le biographe. Le compte à rebours est enclenché.
Malgré son lourd handicap, le musicien français a le courage de quitter son milieu familial dans sa Provence natale dans les années 1980 pour partir à Los Angeles, puis à New York à la conquête de l'Amérique. Il y connaîtra une reconnaissance et une gloire internationale.
"Au lieu d'être une bizarrerie, j'ai voulu être une exception"
"Je suis tout petit, j'ai mal partout, j'ai les os qui bougent, mais j'ai des mains plus normales que les vôtres. Peut-être que Dieu voulait que je joue du piano", aimait à dire Michel Petrucciani. Il se révèle en pianiste de génie. C'est un grand interprète, au jeu puissant, très virtuose, d'une rapidité exceptionnelle, dont certains disent qu'elle provenait aussi de ses longs doigts aux os très légers favorisant leur dextérité. Il possède un jeu très précis avec une clarté du discours et surtout un immense lyrisme, "peut-être issu de ses origines italiennes napolitaines", estime le biographe.
Même si par ses excès de drogues, d'alcool et ses voyages incessants, Michel Petrucciani précipite lui-même sa fin, le génial pianiste réussit à faire de son handicap un atout et réalise son rêve de devenir une légende, une comète exceptionnelle dans le ciel du jazz. "Au lieu d'être une bizarrerie, j'ai voulu être une exception", résumait-il.
Sujet radio: Yves Zahno
Adaptation web: olhor
Franck Médioni, "Michel Petrucciani, un pianiste pressé", éditions de l'Archipel, janvier 2024.