Le public au rendez-vous pour une 56e édition "exceptionnelle" du Montreux Jazz Festival

Le Montreux Jazz Festival a renoué avec les grandes affluences de l'ère pré-Covid. Sa 56e édition a accueilli plus de 250'000 personnes. La qualité de l'affiche 2022, un site réinventé et 16 jours consécutifs de soleil expliquent ce succès.

"Les dieux du spectacle et de la météo étaient avec nous cette année", s'est réjoui vendredi devant la presse le patron du MJF Mathieu Jaton. "Je suis ravi, radieux, aux anges. Il y a tellement d'émotions en moi après deux ans" de pandémie et d'incertitudes, a-t-il déclaré sur la scène du nouveau club Memphis de la nouvelle Lake House montreusienne, avant de craquer et de fondre en larmes.

Après la diffusion d'un "best of" de la quinzaine en vidéo, Mathieu Jaton a eu le temps de reprendre ses esprits et d'enchaîner avec les chiffres marquants de cette édition 2022 "hors normes" plutôt que "retour à la normale". Avec un total de plus de 250'000 festivaliers durant seize jours ensoleillés - "que demande le peuple" -, la fréquentation se situe dans la "fourchette haute, frisant même avec les records de fréquentation du MJF", a affirmé son big boss.

Le festival a atteint son budget de billetterie vendredi, soit la veille de la dernière soirée. Avec 17 concerts à guichets fermés - dix à l'Auditorium Stravinski (4000 places) et sept au Montreux Jazz Lab (2000 places) - et un taux de remplissage "exceptionnel" de 85%, cette édition a "enregistré l'une des meilleures fréquentations des salles payantes des dix dernières années", a affirmé Mathieu Jaton.

"Trois claques"

Du 1er au 16 juillet, la manifestation a accueilli quelque 70 artistes sur ses deux scènes payantes, dont a-ha, Nick Cave, Diana Ross, Maneskin ou encore Herbie Hancock en clôture samedi soir.

Les coups de coeur du directeur pour cette 56e édition? "Spontanément, trois claques: les concerts de la Romande Emilie Zoé, de l'Américain Marc Rebillet et de l'Israélien Asaf Avidan".

Au total, sur les scènes payantes et gratuites, quelque 550 concerts et activités musicales avec pas moins de 3000 musiciens ont été programmés, dont les plus de 450 concerts du festival "off".

>> Les précisions du 19h30 :

Côté finances, le bilan s'annonce aussi réjouissant. Le budget de 27 millions de francs pour cette édition 2022, presque l'équivalent du budget de l'édition pré-Covid de 2019, sera respecté. Les comptes seront équilibrés voire certainement dans les chiffres noirs, selon le directeur. Avec un temps aussi ensoleillé, les ventes de nourriture et de boissons ont largement dépassé les objectifs.

"Ca n'a pas toujours été simple en coulisses", a encore expliqué Mathieu Jaton dans le 19h30, citant le Covid toujours présent, avec une attention toute particulière pour protéger les artistes et le public, mais aussi les problèmes liés aux voyages et au transport aérien. "Les musiciens de Diana Ross sont arrivés sans leurs bagages, dont on a dû jongler pour leur trouver des costumes de scène et du maquillage pour Diana Ross", a-t-il , se félicitant encore de ne pas avoir eu d'annulation majeure.

>> Les précisions de Mathieu Jaton dans le 19h30 :

Vendredi soir sur la scène de l'auditorium Stravinski, le retour de l'emblématique guitariste anglais Jeff Beck était attendu au Montreux Jazz Festival depuis treize ans ans. Et c'est pourtant l'acteur américain Johnny Depp qui est venu voler en partie la vedette à l'ex-membre des Yardbirds ayant collaboré avec un lot de mythiques pointures musicales (Mick Jagger, Stevie Wonder, Herbie Hancock ou Kate Bush).

Jeff Beck s'est ainsi fait éclipser durant la seconde partie de son concert par un Johnny Depp qui s'est brièvement mué en guitariste-chanteur devant une imposante et permanente nuée de téléphones portables immortalisant l'instant.

L'acteur et le guitariste ont publié le même jour un album, avec une tournée européenne à la clé qui était passée la veille encore par le festival Guitare en scène, à Saint-Julien-en Genevois, en France voisine.

Avec ce disque commun intitulé "18", Johnny Depp souhaite sans doute proposer une autre image que celle du récent procès-déballage avec son ex-femme Amber Heard.

L'album est majoritairement composé de reprises, dont "Isolation" de John Lennon et "What's Going On" de Marvin Gaye, qui constituent souvent un prétexte à une balade en solo du guitariste londonien ou au chant rauque sans véritable profondeur du comédien-star. Rien de très original, à l'image de cette partie commune de concert au Montreux Jazz Festival. olhor

Le trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf est de retour jeudi au Montreux Jazz Festival.

Invité de La Matinale mercredi, le musicien a livré ses impressions sur la situation de crise au Liban, son pays d'origine. Il estime que la reconstruction de l'Etat doit notamment passer par sa diaspora.

>> A lire : Ibrahim Maalouf: "Les Libanais continuent à avoir de l'espoir malgré le chaos"

Qelques heures avant son concert à lʹauditorium Stravinski jeudi, Ibrahim Maalouf a aussi partagé son bonheur dʹêtre à Montreux pour présenter la sortie de son nouvel album, "Capacity to Love". Un album prévu à lʹautomne 2022 annoncé  plein dʹamour et de collaborations.

>> A écouter: interview d'avant-concert de Ibrahim Maalouf dans "Vertigo" :

DR

Il tourne à moitié le dos au public, comme lorsqu’il n’avait plus envie de reprendre le succès "Creep" au sein de Radiohead. Sauf que cette fois, sur la scène du Montreux Jazz Lab mardi soir, Thom Yorke lui refera rapidement face pour afficher une réelle envie d'en découdre au sein de The Smile.

Un récent projet parallèle fondé avec son autre complice de Radiohead, le guitariste Johnny Greenwood, au côté de Tom Skinner (du groupe Sons of Kemet) que le chanteur anglais a mis sur orbite en exclusivité suisse dans le cadre de son actuelle tournée europeéenne. Ce trio prestigieux a publié en mai dernier "A Light For Attracting Attention", premier album labyrinthique.

Rejointe par moments sur scène par le saxophoniste Robert Stillman qui avait assuré plus tôt leur première partie, la formation explore ses nouvelles marottes rock dès le biennommé "Panavision". Un titre au départ très calme qui prend lentement ensuite quelques détours orchestraux avant d'ouvrir le champ de tous les possibles.

Un imposant instrumentarium avec amplis, claviers, machines et un piano classique remplit encore toute la largeur de la scène. Durant près d’une heure et demie, The Smile active et télescope différents registres musicaux. "Thin Ting", deuxième morceau activé, révèle une puissance de feu post-punk soulignée encore par des néons rouges latéraux en fond de scène aux effets hypnotiques.

Jusqu’aux rappels d’une ampleur inouïe amorcés par "The Same" et l’inédit "Bending Hectic", le groupe qui change régulièrement d'instruments survole encore des genres comme le krautrock, le free jazz, le rock bruitiste et l’électro berlinoise. Sans oublier de faire un crochet par les archives de Radiohead quand même avec "Skrting on the Surface"

En une quinzaine de titres qui alternent les atmosphères et les rythmiques, en mêlant acoustique et électrique, en louchant même parfois par la transe gnawa et les saturations sonores extrêmes, The Smile offre une palette d’une stupéfiante puissance contrastée. Une ampleur rarement croisée sur scène ces derniers temps.

Olivier Horner

En quinze titres et 75 minutes de concert, Måneskin a fait bouger l'auditorium Stravinski mardi soir au Montreux Jazz Festival.

L'énergie des jeunes musiciens italiens d'à peine plus de 20 ans, qui avaient remporté l'Eurovision en 2021, était palpable et le public n'a pas boudé son plaisir. Outre leurs propres titres, tels que "Super Model" "Mammamia" ou encore "I Wanna Be Your Slave", les quatre jeunes Italiens ont joué plusieurs reprises comme "Beggin" des Four Seasons, "Womanizer" de Britney Spears, et "I Wanna Be Your Dog" de Stooges et Iggy Pop.

>> A voir: A Montreux, le sulfureux quatuor italien Måneskin a prouvé que le rock n'est pas mort :

>> A lire aussi : Maneskin a enflammé l'Auditorium Stravinski grâce à son glam rock

Au Montreux Jazz Festival, il n'y a jamais eu autant d’artistes queer à l’affiche que pour cette 56e édition. Parmi elles, l'icône lesbienne Ashnikko ou la chanteuse Self Esteem, ouvertement bisexuelle.

D’autres artistes parlent d’amour pour des femmes dans leurs textes sans toutefois le revendiquer comme faisant partie de leur identité, à l'image de la chanteuse belge Lous & The Yakuza.

>> A voir: le reportage du 12h45 :

L’Anglais Olly Alexander a quant à lui grandi près de Manchester, dans un environnement homophobe. Revendiquer son homosexualité et en faire une fierté, être un modèle queer qui ose la visibilité constitue sa manière à lui d’aider les jeunes qui n’osent pas faire leur coming out.

>> A lire aussi : Au Montreux Jazz, une programmation queer de tous les superlatifs

La chanteuse américaine de soul et jazz qui a grandi en Angleterre, à Brighton, a séduit lundi soir le Montreux Jazz Lab grâce à sa splendide voix écorchée mais aussi grâce à un groupe exceptionnel et subtil groupe composé de huit musiciens, dont deux cuivres et un violoncelle.

Révélation de l’année aux Brit Awards en 2019, prix prestigieux remporté avant elle par Adele, Emeli Sandé ou Sam Smith, Celeste n'a eu aucune peine à imposer son magnétisme.

Le chanteur de hip-hop Laylow a créé l'événement au Montreux Jazz. Les billets avaient été mis en vente au printemps et le concert s'était retrouvé complet en quelques heures seulement. C’était l’unique date en Suisse du Toulousain de 29 ans.

Il y a quelques mois, Laylow vendait 36'000 places dans une arène parisienne en 48 heures. En ajoutant à cela le fait que ses concerts sont très rares permet de prendre la mesure de la chance de l'avoir fait venir Festival dans une salle de 2000 places.

>> A voir: le reportage du 19h30 :

L’emblématique chanteuse américaine de 78 ans a fait halte à Montreux samedi soir dans le cadre de son "Thank You Tour" en forme d’adieu à la scène. Entre tubes disco-soul imparables, récentes chansons pop et soucis d'oreillette, Diana Ross n'a entièrement séduit que durant quelques fulgurances.

>> A lire : Diana Ross, diva soul-disco par intermittence au Montreux Jazz

Malgré une panne d’électricité peu avant les rappels, le concert entre père et fils de Dutronc & Dutronc vendredi soir à l’auditorium Stravinski du Montreux Jazz Festival a séduit. Entre chansons patrimoniales et bons mots, le tandem a trouvé le ton juste.

>> A lire : Le courant est bien passé entre les Dutronc au Montreux Jazz Festival

Pour sa troisième venue en dix ans au Montreux Jazz Festival, le chanteur anglais d'origine ougandaise a confirmé mercredi soir sur la scène du Lab son pouvoir de donner corps à une soul éclatante aux brillances pop et rock. Et éclipsait la prestation attendue des Américains Black Pumas au registre similaire.

>> A lire : Les éclats soul de Michael Kiwanuka illuminent le Montreux Jazz Lab

Joseph Tarradellas est professeur honoraire en chimie de lʹenvironnement et en écotoxicologie de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL).

Passionné de musique, de navigation, de "Haute Fidélité", il est l'auteur à ce sujet de "Le son suisse: une excellence mondiale", paru dans la collection "Savoir suisse" de l’EPFL.

Joseph Tarradellas donne une conférence ce mercredi à 17h30 à la Lake House du Montreux Jazz Festival. L'émission "Les bonnes ondes" de la RTS l'a rencontré.

>> A écouter: l'interview de Joseph Tarradellas dans "Les bonnes ondes" :

RTS - RTS

L'Islandaise Björk s'est produite dimanche soir avec les cordes du Sinfonietta de Lausanne au Montreux Jazz Festival.

Entre orchestrations aériennes et moments incarnés plus fervents, la chanteuse a livré une prestation toute en retenue, instituant un dialogue intime avec les musiciens et musiciennes.

>> A lire : A Montreux, Björk en son royaume de pop éthérée et orchestrée

Quatre ans après une mémorable prestation, Nick Cave et ses emblématiques Bad Seeds étaient de retour samedi soir au Montreux Jazz Festival, dans le sillage impérial de la chanteuse suisse Emilie Zoé. En un peu plus de deux heures, le requiem rock de l'Australien s'est avéré prenant, mais plus tempéré que tempétueux.

>> A lire : Au Montreux Jazz, Nick Cave fidèle à ses prêches rock'n'roll

Impressionnante Emilie Zoé

En lever de rideau de Nick Cave, la chanteuse romande Emilie Zoé s'est distinguée en binôme avec son excellent batteur Fred Bürki. Et c'est justement devant un rideau noir dressé à mi-hauteur tout au long de la scène pour cacher l'instrumentarium de l'Australien que le tandem au look vestimentaire assorti a livré une prestation en forme de montagne russe musicale.

Alternant morceaux de bravoure rageurs - avec des incursions garage rock et stoner en prime - et titres mid tempo mélancolico-poétiques aux beautés troubles, Emilie Zoé capte sans peine son auditoire en passant de la guitare acoustique à l'électrique et au clavier.

Entre morceaux anciens (le tortueux "Tiger Song" notamment) et le récent répertoire de son troisième album "Hello Future Me" ("Roses on Fire", " I Saw Everything" ou "Volcan" et l'inédit "Castle"), dont elle décachette en les lisant quelques souhaits pour l'avenir laissés par le public de ses précédents concerts, Emilie Zoé trouve sur la scène du Stravinski une amplitude aussi insoupçonnée qu'inouïe.

Nick Cave a bien fait de valider la première partie de cette Neuchâteloise au talent fou qui partage en Suisse le même tourneur que lui.

Olivier Horner

>> A voir aussi: le sujet du 19h30 consacré à Emilie Zoé :

Jeune chanteur belge de 21 ans, Pierre de Maere s’est distingué en début d’année avec "Un jour, je", premier mini-album de six titres dans une veine pop élégante. Ce Bruxellois autodidacte à la voix acrobatique est à découvrir ce samedi soir en concert au Montreux Jazz Festival.

>> A lire : Lʹélégance pop du chanteur belge Pierre de Maere au Montreux Jazz

>> A écouter: "Le Short" en mode (f)estival évoque Pierre de Maere :

RTS

Le trio norvégien de pop synthétique a-ha a ouvert les feux du Montreux Jazz Festival (MJF) vendredi soir à l'auditorium Stravinski, tandis que la chanteuse alémanique Sophie Hunger se produisait sur la scène du Lab entre les prestations de ses amis Faber et Dino Brandão avec qui elle avait donné un concert commun l'an dernier sur la scène du lac.

>> A lire : La pop d'a-ha ouvre les feux du Montreux Jazz: "On ne pensait pas faire encore des concerts 40 ans plus tard"

Icône des eighties avec leurs tubes pop "Take on Me" ou "The Living Daylights", a-ha revient cet automne avec "True North", un album concept en forme à la fois d'ode à la nature et de cri d’alarme environnemental, enregistré avec un orchestre philharmonique et lié à un film réalisé par Stian Andersen. Le trio s'est produit pour la première fois à Montreux.

"a-ha fait une pop mélancolique comme d’habitude"

Interrogé par la RTS, Magne Furuholmen, claviériste et compositeur du groupe qui a aussi beaucoup travaillé pour le cinéma, est à l'origine de ce nouveau projet. Il explique: "Pour moi, quand j'ai fait la moitié de cet album, je ne savais pas si ça allait être un disque solo ou si ça allait être un album de a-ha. Mais quand vous commencez à penser à a-ha, vous pensez immédiatement à la voix de Morten Harket et à la manière dont une chanson pourrait coller à son timbre. Et cela affecte forcément la façon d'écrire, ta façon de penser. Je crois donc qu'il y a toujours une signature, un style toujours présent à nos côtés. C'est-à-dire une pop mélancolique comme d’habitude".

>> A voir aussi: le sujet du 19h30 sur l'ouverture de cette 56e édition :

Une programmation alliant à nouveau les figures intemporelles et les artistes dans l’air du temps. Pour sa 56e édition, la première en version normale depuis trois ans, le Montreux Jazz Festival annonce ainsi d’emblématiques têtes d’affiche.

De Diana Ross à Nick Cave & The Bad Seeds, de Jeff Beck à Herbie Hancock, de Robert Plant à Dutronc père et fils, de a-ha à Björk, de Van Morrison à John McLaughlin via Woodkid, Melody Gardot ou Jamie Cullum, les grands noms de l’histoire de la musique ne manquent pas à l’appel des deux principales scènes que sont l'Auditorium Stravinski et le Montreux Jazz Lab.

>> A lire : Björk, Diana Ross, Herbie Hancock et Nick Cave au Montreux Jazz Festival

Le principal lieu de rendez-vous de cette 56e édition du Montreux Jazz Festival sera la Lake House. Cette "Maison du lac" accueillera sur trois étages concerts, ateliers, podcasts, projections, expositions, rencontres littéraires et DJ sets. En tout, plus de 250 activités y seront proposées de 17h à 05h du matin.

Cette résidence abritera huit espaces thématiques, dont The Memphis. Ce club à l'américaine avec un bar et des tables rondes est dédié au jazz sous toutes ses formes. Des ateliers seront proposés en début de soirée, suivis par des concerts présentant des "sensations" de la scène jazz actuelle, suivis de jam sessions jusqu'à 05h00.

>> A lire : Le Montreux Jazz Festival propose plus de 450 concerts et DJ sets gratuits

Comment un jeune Montreusien, cuisinier de formation, a-t-il créé l'un des plus prestigieux festivals musicaux du monde? L’histoire de Claude Nobs et celle du Montreux Jazz Festival sont indissociables. Elles sont toutes deux racontées, à l’aide d’incroyables images inédites, dans un documentaire en trois parties.

>> A lire : "They all came out to Montreux – La folle histoire du Montreux Jazz Festival"

>> La folle histoire du Montreux Jazz Festival (1/3) :

>> La folle histoire du Montreux Jazz Festival (2/3) :

>> La folle histoire du Montreux Jazz Festival (3/3) :