Etienne Daho entre vendredi dans une quasi-pénombre, au milieu de ses huit musiciens et de son nom en lettres d'or de music hall sur les trois écrans de fond de scène. Blouson de cuir, pantalon, fouloir et lunettes noirs, une section de quatre cordes, un batteur, deux guitaristes-claviers et son fidèle bassiste lausannois Marcello Giuliani sont déjà en action sur la partition de "L'invitation" pour cette haie d'honneur à l'un des maîtres de la pop francophone.
Le chanteur clôt cette introduction à un concert qui prendra la forme d'un best of en souhaitant le dédier à sa chère Françoise Hardy disparue le 11 juin, qu'il a veillée jusqu'au dernier souffle et avec qui il avait duettisé sur "Et si je m'en vais avant toi".
Une première note d'émotion traverse le public du Cargo, la nouvelle grande scène sous un chapiteau plus ouvert de Festi'Neuch. Et Daho de chanter en écho à Hardy: "En partant tu m'as mis le coeur à l'envers/ Sans toi la vie est devenue un enfer" ("Le grand sommeil"). Dans l'émission Vertigo, la veille, il revenait ému sur l'importance de Françoise Hardy dans sa vie: "C'est une grande influence, une femme qui m'a fait entrer dans sa famille et m'a beaucoup encouragé à mes débuts à Paris".
Vive allure pop et mid tempo mélancolique
Durant l'heure de concert restante, ce sont les marqueurs de son répertoire qui défilent, entre morceaux à vive allure pop et mid tempo plus mélancoliques fascinés par l'amour ou la nuit, avec de rares escales sur les derniers titres issus de son album "Tirer la nuit sur les étoiles" parus l'an dernier. De "Sortir ce soir" à "Epaule tattoo" en passant par "Saudade", "Week-end à Rome", "Comme un boomerang", "Duel au soleil", "Bleu comme toi" ou "Tomber pour la France", les succès des décennies passées refont agréablement et mélodiquement surface.
Violons et violoncelles se mêlent aux habituels petits déhanchements chaloupés du maître de cérémonie dont la silhouette noire se dessine sur fond rouge sur des écrans splittés durant le très beau "Des attractions désastre": "Avant que je m'en aille, jouer à qui perd-gagne/ Et de la vie faire (ripaille), avant que je m'en aille".
Plus loin, le temps de "Tirer la nuit sur les étoiles", c'est Vanessa Paradis qui surgit dans une robe blanche pour chanter et danser par écrans interposés avec Daho et la foule. Habile mélange de technologie et d'esthétiques vintage, ce best of d'Etienne Daho remplit son office de madeleine de Proust pop et élégante.
Olivier Horner
Festi'Neuch, jusqu'au 16 juin 2024 (complet).
Phoenix, Bigflo & Oli et Olivia Ruiz attendus ce week-end
Le concert du groupe français Phoenix devrait aussi constituer un des moments forts de la soirée de samedi de Festi'Neuch. Tout comme celui d'Eddy de Preto ou du duo hyperactif de la scène électronique neuchâteloise Psycho Weazel DJ Set.
Dimanche, les concerts les plus attendus sont ceux des rappeurs français Bigflo et Oli et de la chanteuse française Olivia Ruiz.
Le festival aura accueilli d'ici dimanche plus de 55'000 personnes à guichets fermés et environ 70 artistes durant quatre jours. ats