A l'EPFL, l'exposition "Musica ex Machina" sonde les liens entre musique et algorithmes
L'exposition "Musica ex Machina" explore la relation entre musique et algorithmes. Une histoire qui remonte à la Grèce antique et aux premiers systèmes de notation de la musique.
C'est à ce moment-là que les mélodies se transforment en données, comme le relève Martin Rohrmeier, directeur du laboratoire de musicologie numérique et cognitive de l'EPFL dans l'émission Vertigo du 20 septembre: "C'est uniquement lorsque vous avez un système symbolique pour le rythme, pour les timbres, les tons que vous pouvez jouer avec ce système et manipuler la musique, fixer des règles, construire quelque chose".
Émerveillement et connaissance
Contrairement à la croyance populaire, les algorithmes ne sont pas une invention du XXIe, siècle comme l'explique Paul Doornbusch, co-curateur de l'exposition et professeur auxiliaire en informatique à l'université de Melbourne en Australie: "La motivation de cette exposition était de montrer plusieurs des réflexions algorithmiques qui sous-tendent la musique. C'est quelque chose qui existe depuis plusieurs centaines d'années, mais les gens n'en ont pas nécessairement conscience".
On découvre ainsi au travers d'oeuvres, d'installations audiovisuelles et documents historiques une épopée musicale qui va de la théorie médiévale à nos jours.
Des anciennes boîtes à musique à l'intelligence artificielle, en passant par les automates et les instruments électriques ou encore sensoriels, le parcours entraîne les visiteurs sur un parcours qui questionne le rôle de la machine dans la création et la performance musicale.
Une question qui se retrouve dans le titre même de l'exposition: "Musica ex Machina". Martin Rohrmeier motive ce choix: "On peut le comprendre comme une simple machine à faire de la musique ou comme une extension de la pensée, traduite en langage informatique, comme une manière algorithmique de penser la musique".
Démythifier la musique comme expression artistique
L'exposition peut perturber les passionnés de musique romantique. Mais elle n'a pas pour but de démythifier la musique comme expression artistique. Elle devrait même accentuer l'admiration pour ce mode d'expression, selon Martin Rohrmeier: "Je pense que ce que nous perdons, c'est l'illusion d'une simplicité naïve. Plus vous apprenez sur un sujet, plus l'admiration (...) augmente, plutôt que de diminuer."
Avec des anecdotes surprenantes, l'exposition permet de voir qu'à chaque époque les sciences ont influencé la création musicale. Comme dans le cas de Josquin Des Prés, compositeur de la Renaissance qui a utilisé des théories de probabilité pour composer une messe, bien avant l'ère moderne.
Interaction et découverte
Les visiteurs traversent des siècles d'histoire musicale en manipulant des objets de calcul anciens, en découvrant des automates musicaux et des dispositifs de programmation musicale accessibles au public. Une interactivité qui invite à la création et voudrait attirer un large public, selon le souhait de Paul Doornbusch: "Nous voulons toucher les jeunes et présenter quelque chose qui n'a pas forcément été vu auparavant".
Sujet radio: Anne Gillot
Adaptation web: Sébastien Foggiato
"Musica ex Machina", EPFL Pavilions, Lausanne, du 20 septembre 2024 au 29 juin 2025.