Le ténor Benjamin Bernheim: "Quand je chante, j'aimerais que le public entende chaque mot"
Doté d'une couleur de voix particulière, vibrante, chaleureuse et un peu mystique, le ténor franco-suisse Benjamin Bernheim enchaîne les succès depuis bientôt dix ans. De Paris à New York, il a foulé les plus grandes scènes d'opéra, comme celle du Metropolitan Opera où il se produisait cet automne en Hoffmann des "Contes d'Hoffmann" au côté de la soprano Pretty Yende. Il s'est également distingué lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Paris en chantant une version modernisée de l'"Hymne à Apollon" accompagné par le pianiste Alain Roche, suspendu au-dessus du Stade de France, et fait rayonner, à l'international, l'opéra français.
Lausanne, une étape décisive
Son tout dernier album sorti en août 2024, "Douce France: mélodies & chansons", s'écoute comme un hommage à notre pays voisin. Car Benjamin Bernheim, 39 ans, partage avec la chanson française une histoire d'amour. Mais le ténor a bel et bien grandi à Genève puis été formé au Conservatoire de Lausanne.
"Lausanne a été une première grande étape pour moi, explique-t-il dans le 19h30 du 19 décembre. J'ai rencontré mon professeur, Gary Magby, je me suis fait beaucoup d'amis et j'ai eu mes premières expériences, puisque j'ai chanté à l'époque dans le choeur de l'Opéra de Lausanne. J'ai fait mes premières armes sur scène, à Lausanne, avant de partir à Zurich", et d'intégrer la troupe de l'Opera Studio.
Artiste lyrique de l'année
Sacré artiste lyrique de l'année aux dernières Victoires de la musique classique, sa voix a beaucoup été comparée à celle du grand ténor Luciano Pavarotti. Il incarne aujourd'hui des rôles majeurs dans le répertoire du ténor lyrique et est particulièrement apprécié pour sa diction. "Ce que je veux amener sur scène, c'est permettre au public d'entendre chaque mot. Quelle que soit la langue, le français, l'allemand, le russe et l'italien, [j'aimerais que] les gens qui parlent la langue de l'opéra que je chante n'aient pas besoin de regarder les surtitres et puissent comprendre que j'ai vraiment fait un travail d'élocution (...). C'est un travail de longue haleine."
Benjamin Bernheim a tenu un rôle clé lors de la réouverture de Notre-Dame de Paris et contribué ce faisant à diffuser largement la musique classique auprès de tous les publics. "Il est capital aujourd'hui [que l'opéra brise les barrières]. Le monde s'agrandit et en même temps, le monde de la musique classique a toujours été vu, malheureusement, comme quelque chose de destiné, peut-être, aux gens plus âgés. Mais c'est faux: que j'aille à New York, à Paris, à Zurich ou dans d'autres endroits, je vois beaucoup de jeunes fascinés par la voix qui vibre dans l'espace, dans une salle. Et cela montre que la culture, les arts, c'est pour tous les âges", conclut-il.
Propos recueillis par Philippe Revaz
Adaptation web: Melissa Härtel