Dans "Rêve parti", Lescop réactive élégamment son minimalisme électronique

Après deux albums ("Lescop" en 2012 porté par le tube "La forêt" et "Echo" en 2016) et une longue pause en solo, Lescop est de retour avec "Rêve parti". Un troisième album de treize chansons écrites et composées par ses soins, dont trois duos avec Izïa, Halo Maud et Laura Cahen. Le chanteur français y revisite ses influences électroniques, où la new wave des années 1980 et le minimalisme ne sont jamais très loin.

Si "Rêve parti" reprend un ou deux titres laissés en jachère à l'époque de "Echo", Lescop est reparti globalement de zéro à l'issue de la tournée qui avait suivi la sortie, il y a huit ans, de ce deuxième album. "Un des premiers morceaux que j'ai écrit est 'Radio', puis le processus a été assez long car j'ai participé à pas mal d'autres projets entre-temps, que ce soit au théâtre, au cinéma et en musique comme réalisateur ou comédien", indique Lescop dans l'émission Vertigo du 17 avril. L'artiste français a joué dans "Playlist" de Nine Antico (2020) ou la série "Des gens bien ordinaires" de Ovidie.

"Plus que des années, c'est un son qui m'intéresse"

Réalisé par Thibault Frisoni (l'alter ego de Bertrand Belin), "Rêve parti" revisite à sa manière élégante et minimaliste la new wave française. Une esthétique synthétique ancrée dans les années 1980. "Plus que des années, c'est un son qui m'intéresse. Il y a d'ailleurs un groupe suisse, Grauzone, qui m'avait beaucoup influencé à une époque. Je prends cet exemple-là, idéal, car il a ce côté très épuré qui me plaît. Pour moi, la musique tient beaucoup à ce qu'on ne joue pas plutôt qu'aux notes qu'on joue. Le moins on arrive à en faire, le plus fort ce sera. C'est cette méthode qui m'intéresse vraiment", détaille Lescop en esthète de l'épure qui se voit à la fois "chaotique et méthodique paradoxalement".

"L'élégance dans la simplicité" visée par "Rêve parti" évoque aussi souvent celle qu'a eue un temps Etienne Daho en raison du chant velouté et caressant de Lescop. Mais la géographie musicale du répertoire de Lescop passe aussi par Roxy Music ou, plus récemment dans un registre plus dansant, LCD Soundsystem ou Alex Cameron.

Le thème de la dépendance exploré

Après une aventure glam-rock en groupe au sein de Serpent, Mathieu Lescop opère un retour bénéfique à lui-même et à l'écriture. La littérature l'inspire et le souvenir du livre "Les anges distraits" de Pasolini lui fait observer "Les garçons" avec une fascination charnelle. Ailleurs, il explore essentiellement le thème de la dépendance à travers le désir ("Exotica") ou l'aliénation affective ("Grenadine").

Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert

Adaptation web: Olivier Horner

Lescop, "Rêve parti" (Labréa/Turenne Music). Paru le 2 février 2024.

En concert à l'Octogone avec Lily Gasc en première partie, Pully (VD), le 27 avril 2024.