L'"Hymne à la joie" de Beethoven: 200 ans d'histoires

La première représentation de la 9e symphonie de Beethoven a lieu à Vienne le 7 mai 1824. L’œuvre abasourdit l’assistance. L'"Ode à la joie", un texte de Schiller d’abord conçu comme chanson à boire, prend soudain une dimension hautement spirituelle.

L’exploit est d’autant plus extraordinaire que Beethoven compose cette musique monumentale tout en étant complètement sourd.

AFP - ©Collection Roger-Viollet

L’ultime symphonie de Beethoven brise les codes et rompt avec la tradition de ses prédécesseurs. Les premières notes de l’œuvre novatrice rappellent la création de l'univers et son final les plus grandes réjouissances qui soient. La voix humaine fait une apparition historique dans la forme symphonique.

L'"Ode à la joie" exercera une influence indéniable sur la musique pour les siècles à venir.

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Selon certaines analyses, la symphonie évoque une bataille dont il faut ressortir triomphant, un thème récurrent chez Beethoven. Le compositeur était d’ailleurs tout sauf joyeux au moment de mettre en musique l'"Ode à la joie". On le disait isolé, voire misanthrope.

Alors pourquoi prôner l’harmonie avec la nature et la fraternité entre êtres humains? 

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L’influence de Beethoven est telle qu’il y a un avant et un après. Les compositeurs qui lui succèdent s’en inspirent. Berlioz lui rend hommage dans de nombreuses compositions. Bruckner, Brahms et Mahler imitent ses structures symphoniques. Wagner voit Beethoven comme un précurseur à ses opéras.

La 9e symphonie popularise le romantisme auprès du public en raison de l’immense vague d'émotions que provoque immanquablement cette musique.

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Comment diriger la 9e symphonie de Beethoven avec pertinence? Le défi d’en rendre une version unique est colossal. L’œuvre est presque trop mythique.

Le grand maestro Arturo Toscanini a même stipulé qu’il vaudrait mieux la diriger à genoux tellement elle exige d’être abordée avec humilité.

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La musique de Beethoven verse dans les extrêmes. Le défi est donc de taille pour les musiciens et musiciennes qui tentent de reproduire le plus fidèlement possible la vision du compositeur. La longueur de l’œuvre impose également une certaine endurance pour les chanteurs et chanteuses. Beethoven y traite la voix comme un instrument parmi tant d’autres, sans tenir compte des limites du corps humain.

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La 9e de Beethoven marque l’imaginaire collectif et se taille une place dans la culture populaire. On l’entend dans de nombreux films (dont "Orange mécanique" de Stanley Kubrick) où elle évoque tantôt la mort, tantôt le bonheur, tantôt tout ce qu’il y a entre les deux.

La symphonie inspire également une frise murale à Klimt au tournant du 20e siècle.

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La 9e est si rassembleuse que certains et certaines la considèrent comme "La Marseillaise de l’humanité", mais sa récupération politique par le régime nazi a entaché sa réputation. Il aura fallu entre autres que Leonard Bernstein la dirige lors de la chute du mur de Berlin pour la réhabiliter.

Pour le meilleur ou pour le pire, la 9e symphonie demeure à ce jour intimement liée à l’identité nationale et culturelle.

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La popularité de la dernière symphonie de Beethoven ne se dément pas. Autant les musicologues et musiciens aguerris que les néophytes s’y reconnaissent et s’en émeuvent. Quel est le secret de la portée universelle de la 9e? Son texte rassembleur? Son thème? Difficile de trancher.

Chose certaine, elle a traversé les époques et il est possible de l’écouter une vie durant et la redécouvrir à chaque fois.

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