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Les chansons de Dominique A en quête de nouveaux horizons orchestraux

Le chanteur français Dominique A avec l'Orchestre de chambre de Genève (OCG) sur la scène de la Comédie, le 26 mars 2024. [La Comédie Genève - DOUGADOS MAGALI]
Le chanteur français Dominique A avec l'Orchestre de chambre de Genève (OCG) sur la scène de la Comédie, le 26 mars 2024. - [La Comédie Genève - DOUGADOS MAGALI]
À la Comédie de Genève, le chanteur français Dominique A a traversé trente ans de son répertoire avec l’Orchestre de chambre de Genève (OCG). Ces quarante musiciens issus du classique ont offert trois soirs durant des couleurs inédites à ses chansons. Un format reconduit le 13 juin au Théâtre du Jorat.

Il avait déjà eu les honneurs de la Philarmonie de Paris pour revisiter son répertoire en mode acoustique et électrique voilà six ans, mais sans grand orchestre. A l'invitation de la Comédie de Genève cette semaine, Dominique A a enfin pu bénéficier cette fois à ses côtés d'une quarantaine de musiciens constituant l'Orchestre de chambre de Genève (OCG) dirigé par Raphaël Merlin.

Jeudi, pour l'ultime concert genevois avant une représentation au Théâtre du Jorat le 13 juin, le chanteur accompagné de Julien Noël au piano et célesta s'est replongé dans une quinzaine de chansons de son répertoire trentenaire. Sous la supervision musicale de Yann Arnaud et sur des arrangements de David Euverte, qui avait déjà réglé les sessions de cordes pour son dernier album "Le monde réel" , les airs pop de Dominique A ont tenté de prendre leurs aises symphoniques.

Le chanteur français Dominique A avec l'Orchestre de chambre de Genève (OCG) sur la scène de la Comédie, le 26 mars 2024. [La Comédie Genève - DOUGADOS MAGALI]
Le chanteur français Dominique A avec l'Orchestre de chambre de Genève (OCG) sur la scène de la Comédie, le 26 mars 2024. [La Comédie Genève - DOUGADOS MAGALI]

Voies musicales médianes

Cette quête de nouveaux horizons et de teintes inédites passant par les cordes, les bois, les vents et les percussions s'effectue aussi par des jeux de lumières franches ou plus tamisées. De "Sous la neige" entamé sous des vagues de cordes à l'apaisant épilogue de "Comme l'encre" via les deux autres rappels formés du fluide "Au revoir mon amour" et du plus âpre "Le courage des oiseaux" façon boléro, Dominique A semble chercher des voies musicales médianes et la bonne place pour sa voix et ses gestuelles saccadées habituelles au coeur de l'instrumentation luxuriante.

Comme si le rénovateur du train-train couplet-refrain avait opté plutôt pour un entre-deux artistique où il ne dénaturerait pas radicalement son répertoire. Entre le marteau de la simplicité musicale, qui surligne davantage qu'elle n'emprunte les chemins de traverse, et l'enclume de l'expérimentation plus dissonante, les chansons de Dominique A peinent ici à choisir.

Réussites distordues et airs plus lisses

Les réussites distordues et plus surprenantes qu'ont été "Cap Farvel", "Vers le bleu", "Le Twenty-Two Bar", "Le commerce de l'eau", "Rue des Marais" et "Comment certains vivent" alternent ainsi avec des titres aux airs plus lisses, convenus et décevants comme "Eleore" malgré un beau final, "La musique", "Immortels" et "L'écho". Dommage aussi que le frissonnant marqueur emblématique "Pour la peau" ait manqué à l'appel de ces relectures.

Reste que chaud et le froid soufflés en permanence empêche au final le concert d'atteindre durablement les hauteurs et l'amplitude espérés. Seule certitude au fil des balises poétiques de Dominique A qui se fracassent toujours au contact d'une rude réalité, le temps continue de trépasser et les staccato de l'orchestre n'y pourront jamais rien.

Olivier Horner

Dominique A en concert avec l'Orchestre de chambre de Genève (OCG), La Comédie, Genève, du 26 au 28 mars 2024, puis au Théâtre du Jorat, Mézières (VD), le 13 juin 2024.

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