Beth Gibbons, "Lives Outgrown"
Voix mythique du trip-hop des années 1990 au sein de Portishead, la chanteuse anglaise Beth Gibbons a enfin osé l'album en solo. "Lives Outgrown" dévoile ainsi une pop orchestrale teintée de folk, de rock et de cordes du classique. Fruit d'une décennie de travail et basé sur les épreuves vécues par la chanteuse, des deuils entre autres, ces dix titres aussi éloquents que solennels sont tour à tour habités par la voix à fleur de peau ou de braise d'une Beth Gibbons poignante et ensorcelante.
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Beyoncé, "Cowboy Carter"
Hommage à la country et au bluegrass, ce huitième album voit Beyoncé délivrer un répertoire en forme de programme radio teinté de country donc, mais débordant les frontières du genre. Entre une relecture dépouillée du "Blackbird" des Beatles, des hommages à Chuck Berry, Linda Martel, Willy Nelson, un duo avec Dolly Parton, Queen B s'envole vers d'autres horizons musicaux: soft-rock, hip-hop, pop, R'n'B ou gospel. Un hommage insoumis en vingt-sept titres rafraîchissants et mouvants, sans même devoir forcer vocalement.
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Nick Cave and The Bad Seeds, "Wild God"
Nick Cave se métamorphose quelque peu en compagnie de son groupe les Bad Seeds. Bien que marqué par les deuils (de sa mère, d'un deuxième fils, de son ex-compagne Anita Lane, d'un ancien membre de son groupe The Bad Seeds), ce 18e album rempli de choeurs irradie d'instants de joie et d'optimisme inédits au regard de son récent répertoire ténébreux. S'il y a une forme d'exaltation qui traverse "Wild God", la lumière n’est pas encore au bout du tunnel même si la légèreté arrive cette fois à percer.
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The Cure, "Songs of a Lost World"
Avec ces "Chansons d'un monde disparu" clôturant seize ans d'absence, il ne fallait pas s'attendre à des Cure en mode mélodique et solaire. Le noir est de rigueur de bout en bout sur ce quatorzième album qui plus est frappé par le sceau du deuil, jusqu’au formidable épilogue de dix minutes que constitue "Endsong", tout en lenteur et splendeur mélancoliques pour répertorier les désillusions qui ont remplacé les espoirs. Malgré ce paysage panoramique de désolation, la façon flamboyante et gothique qu'ont Robert Smith et The Cure d'exorciser leurs démons subjugue.
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Fat White Family, "Forgiveness Is Yours"
Après avoir déjà introduit quelques rondeurs pop dans son rock'n'roll chaotique, le sulfureux groupe londonien Fat White Family est revenu avec "Forgiveness Is Yours". Ce quatrième album, le plus sage et sophistiqué de la formation, contient toutefois encore suffisamment de mélodies irrévérencieuses, de menaces sonores et de désillusions existentielles dans un monde désespéré pour convaincre largement. Sans déprimer pour autant.
Fontaines D.C., "Romance"
Avec ce quatrième album intitulé "Romance", les Irlandais de Fontaines D.C. se montrent moins ténébreux et offrent un rock intense, sensuel et magnétique, où la voix de Grian Chatten fait toujours merveille. Un répertoire à l'esprit mélodique très pop, moins tourmenté et davantage romantique, qui permet à Fontaines D.C. de poursuivre son évolution loin de cette vieille Irlande de James Joyce, Samuel Beckett, des Pogues et des pubs fantasmés à leur début.
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Philippe Katerine, "Zouzou"
Cinq ans après "Confessions", Philippe Katerine réactive les excentricités et loufoqueries qu'il a érigées en art majeur depuis plus de trente ans. Sur "Zouzou", onzième album portant le nom de sa chienne, le chanteur français dresse un bilan existentiel entre fantaisie et profondeur. Trivialités et absurdités restent au menu de ces dix-sept nouvelles. Avec toujours ces contrepoints pop plus romanesques ou mélancoliques, ces clairs-obscurs plus introspectifs qui contrebalancent son humour clownesque.
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The Last Dinner Party, "Prelude to Ecstasy"
Glam rock et pop baroque sont au menu du premier album de The Last Dinner Party baptisé "Prelude to Ecstasy". Ce quintet britannique féminin y affirme des nuances pop-rock-gothiques audacieuses entre grandiloquence et harmonie. L'ambivalence est le maître-mot sur ces douze titres théâtraux oscillant entre gravité et volupté, procédant par ruptures rythmiques et intégrant nombre de choeurs manière "Bohemian Rhapsody". Queen comme Bowie, Siouxsie and the Banshees, PJ Harvey et ABBA figurent parmi les références de cette jeune et prometteuse formation.
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The Libertines, "All Quiet On The Eastern Esplanade"
Repoussé à plusieurs reprises, le quatrième album de The Libertines intitulé "All Quiet On The Eastern Esplanade" réactive en partie les penchants électriques de Peter Doherty et Carl Barât au coeur d'un répertoire plus pop et mélodique. Les ex-figures turbulentes du Brit rock des années 2000 se sont ici assagies avec de rares dérapages rock à relever mais The Libertines reste placé sous l'habituelle emprise syncopée des Clash, des Kinks et The Jam, avec en prime quelques beaux arrangements de cordes et de cuivres.
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The Smile, "Wall of Eyes"
The Smile, projet parallèle raffiné et inventif des piliers de Radiohead Thom Yorke et Jonny Greenwood, est de retour avec ce deuxième album intitulé "Wall of Eyes", qui navigue aux frontières du jazz, du psychédélisme et du (kraut)rock. Avec un son qui autorise les accidents et les fausses notes mais revêt aussi une dimension très cinématographique grâce aux cordes de l'Orchestre contemporain de Londres, le répertoire de The Smile alterne spontanéité et précision, dissonance et éloquence, dans un même souffle vital.
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Vampire Weekend, "Only God Was Above Us"
Ce cinquième album de Vampire Weekend renoue enfin avec l'esprit fureteur et novateur ainsi que la frénésie de leurs débuts en 2008, où les New-Yorkais mêlaient allégrement pop baroque, guitares africaines et rythmiques anguleuses. Le titre du disque nous place quelque part entre le divin et l’urbain, Dieu et l’Homme. Le groupe continue d'hybrider subtilement des sonorités venues d’ailleurs avec du jazz, du proto-punk ou du hip-hop, mais crée ici un répertoire entre songe et réalité, plein d’allégresse et de spontanéité.
Onze albums suisses qui valent le détour
- Les choix de Myriam Seemani:
Louise Knobil, "Knobisous"
Le jazz de la musicienne et chanteuse lausannoise, à la fois personnel, rebelle, électro et décalé donne un nouveau souffle au genre.
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Meimuna, "C'est demain que je meurs"
La Valaisanne Cyrielle Formaz offre des chansons calmes et douces, mais toujours justes dans l'expression d'un torrent d'émotions complexes.
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Mount Koya, "Teien"
Le groupe veveysan signe un retour pop sixties et psychédélique avec un album digne d'une balade sinueuse dans un grand jardin.
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Mord Fuzztang, "Air gélatine"
Hors des sentiers battus, entre krautrock, psyché et punk, le groupe zurichois sort un premier album volatile en français et en anglais.
Slimka, "Le Grand Mystico"
Avec ses productions soignées et des passages surprenants, le rappeur genevois nous emmène à travers des montagnes russes sonores.
- Les choix d'Olivier Horner
Adieu Gary Cooper, "Toute sortie est définitive"
Troisième album des Romand Adieu Gary Cooper, "Toute sortie est définitive" décapsule sept beaux titres rock et désenchantés dépeignant l'époque sinistrée.
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Coilguns, "Odd Love"
Le quartet de Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds emmené par la voix de Louis Jucker se révèle toujours aussi furibard sur cet "Odd Love" qui érige encore l’étrangeté en normalité et déclame l'amour sur un punk-rock rageur.
Cyril Cyril, "Le futur ça marche pas"
Le tandem genevois Cyril Cyril livre avec "Le futur ça marche pas" un troisième album entre chanson décalée et rock distordu pessimistes pour relever les impasses du monde.
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Olympic Antigua, "Heavy Heart"
Deuxième mini-album des Romands Olympic Antigua, "Heavy Heart" navigue encore dans un rock teinté de soul mélodique, chaleureuse et chromatique.
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Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp, "Ventre unique"
Les Genevois d'Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp se fendent d'un sixième album entre groove et dissonances, où se télescopent krautrock, folk, pop, punk et rythmes africains.
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Régis, "Touche-moi"
Dans son troisième album "Touche-moi", le chanteur genevois à la voix enfumée Régis propose dix chansons toxiques et poétiques d’esprit rock.
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