La pochette de l’album de Cyrielle Formaz, alias Meimuna, annonce d’emblée le thème: on y voit la chanteuse sortir d’un cercueil en saluant le spectateur ou la spectatrice. En arrière-plan, un volcan est en éruption et des animaux s’agitent. Comme une célébration du chaos et de la vie après la mort.
Graphiste, peintre et dessinatrice en parallèle à sa carrière musicale, Meimuna a réalisé cette illustration elle-même. Elle croit à la vie après la mort. "C'est ce que j'essaie de raconter avec cet album, qui a un titre peut-être un peu triste: ‘C’est demain que je meurs’. Mais c'est un disque qui parle surtout de renouveau, de cycle, de métamorphose, de retour à la vie et de nouvelle naissance", explique la chanteuse valaisanne dans l’émission Drôle d’époque du 5 décembre.
Je pense qu'il y a quelque chose après la mort. Je ne suis pas religieuse, je ne crois pas en une religion, mais j'essaie de laisser de la place aux choses invisibles, aux énergies et aux choses qu'on ne voit pas mais qui font sens.
La gentillesse comme valeur cardinale
Au fil des dix balades de l’album, interprétées en français et en anglais, Meimuna chante avec poésie, sur un fond de musique douce et calme. Elle se montre encourageante et empathique, par exemple à travers la chanson "Ève V (battre des records)", dédiée à la chanteuse, danseuse et actrice française Lolo Ferrari. Idem avec "Lullaby For A Satellite", d'abord adressée à son chat, dans laquelle elle rassure: "tout ira bien, malgré les blessures de la vie".
Le mot d'ordre est ici la gentillesse: "C'est vraiment quelque chose dont on a absolument besoin aujourd'hui. On a l'impression qu'il n’y a de la place que pour les discours hargneux et écrasants. C'est ce qui prend le plus de place. Mais nous avons besoin plus que jamais d'être gentils, d'être doux, d'être nuancés. Et de laisser de la place au silence et au calme. C'est ce que j'essaie de faire avec ma musique".
L'image du volcan
Meimuna évoque aussi l'image du volcan qui figure sur la pochette de "C’est demain que je meurs". "J'adore cette image du volcan […] Tout ce qui ravage la terre laisse ensuite place à un terreau extrêmement fertile et propice à faire renaître et repousser plein de belles choses", explique la chanteuse.
Selon elle, notre monde est actuellement en pleine éruption: "Nous assistons à une destruction massive. Je trouve qu’il est difficile de garder espoir et de se protéger. J'ai l'impression que nous touchons du doigt l'abîme, que nous sommes au bord du précipice. C'est dur de faire sens des choses et de ne pas sombrer, de rester sain mentalement. Il est aussi difficile d'avoir une pratique artistique et poétique face à toute cette haine et cette destruction."
La musique devient alors pour la chanteuse une forme de résistance. "J’essaie de me dire que l'art sauvera le monde. Dostoïevski disait cela, n’est-ce pas? L'amour sauvera le monde. J'y crois beaucoup. Ce discours paraît un peu niais, mais il est important", conclut Meimuna.
Propos recueillis par Mélanie Croubalian
Adaptation web: Myriam Semaani
Meimuna, "C'est demain que je meurs" (Radicalis). Paru le 18 octobre 2024.
En concert aux Jumeaux Jazz Club, Lausanne, le 10 décembre et au Théâtre Forum-Meyrin (GE), le 19 décembre 2024.