Mort il y a cent ans, Giacomo Puccini est toujours célébré dans la province de Lucca
2024 marque le centenaire de la mort de Giacomo Puccini (1858-1924), compositeur italien le plus connu avec Giuseppe Verdi (1813-1901). Ses trois œuvres lyriques principales, "Tosca", "La bohème" et "Madame Butterfly", aussi mélodieuses qu'emplies d'émotion, font partie du répertoire standard du monde classique.
Chez les Puccini, comme chez les Bach, les Scarlatti ou les Couperin, on reçoit la musique en héritage. Le père, le grand-père et l'arrière-grand-père de Giacomo Puccini étaient d’importants compositeurs à l’échelle locale et se sont succédé au poste de maître de chapelle de la Cathédrale San Martino à Lucca. Le dernier de la lignée est Michele Puccini, le père de Giacomo. Sa vocation de musicien semblait donc toute tracée .
En mars 1876, un de ses professeurs propose au jeune Giacomo de se rendre à Pise pour aller assister à une représentation d'"Aïda" de Verdi à l'opéra. Faute d’argent, le jeune homme parcourt à pied la vingtaine de kilomètres qui séparent Pise de Lucca. Dans l’enthousiasme de sa découverte, Giacomo décide de rompre avec la tradition familiale et s’inscrit à l’institut de la ville pour apprendre les secrets de la composition.
Les premiers opéras
Quatre ans plus tard, il décroche une bourse pour aller étudier à Milan au conservatoire le plus réputé d’Italie. En 1883, Puccini participe à un concours de composition et présente son premier opéra, "Le Villi". L’oeuvre ne remporte pas le premier prix, sans doute en raison des pattes de mouche illisibles de son manuscrit, mais elle est remarquée par le compositeur italien Arrigo Boito, qui met tout en œuvre pour qu’elle soit représentée au Teatro dal Verme de Milan . Elle y reçoit un véritable triomphe, de sorte que le compositeur attire l’attention de Ricordi, l’éditeur de Verdi, qui lui passe commande d’un nouvel opéra. Ce sera "Edgar".
En 1884, le compositeur et sa compagne Elvira Gemignani s'installent à Torre del Lago, un minuscule village sur le lac de Massaciuccoli, à vingt-cinq kilomètres à l’ouest de Lucca. C’est là, loin des villes et des commérages, qu’ils passent la plus grande partie de leur existence et que naissent la plupart des chefs-d’œuvre de Puccini: "Manon Lescaut" en 1891, "La bohème" en 1896, "Tosca" en 1900, "Madame Butterfly" en 1904, "La fanciulla del West" en 1910, "La rondine" en 1917 et "Il trittico" en 1918.
Comparée à celle d’un Verdi, cette production est peu abondante, mais s’explique par le fait que Puccini compose lentement et entreprend d’innombrables projets, qu’il abandonne souvent en cours de route.
Un musée à Torre del Lago
A Torre del Lago, dans l'ancienne maison du compositeur, un musée expose aujourd'hui d’innombrables portraits de Giacomo Puccini aux différentes étapes de sa vie. A travers les photographies, on découvre les autres passions qui l'ont accompagné tout au long de sa carrière, notamment la chasse, la vitesse et les belles voitures. Il possède plusieurs automobiles qui ont d’ailleurs failli lui coûter la vie lors d’un accident en 1903. Il aime aussi faire du vélo ou se livrer à des courses sur les eaux du lac dans son canot à moteur surnommé Ricochet.
Même si le cadre est magnifique, Puccini se décide à quitter Torre del Lago en 1921 lorsqu’une bruyante fabrique de tourbe vient troubler la quiétude du village et le noyer sous une puanteur insupportable. Le compositeur possède depuis plusieurs années un terrain dans la grande pinède de Viareggio, petit port de pêche à l’écart du tourisme, où il se fait construire une nouvelle maison.
C'est là qu’il entreprend "Turandot", mais il n’aura pas le temps d’achever l’œuvre. Le cancer dont il souffre empire brusquement et il doit se rendre à Bruxelles pour se faire traiter. C'est là qu'il meurt le 29 novembre 1924. Sa dépouille repose aujourd’hui dans la chapelle de sa villa de Torre del Lago. Un mausolée a été creusé dans le mur qui sépare la salle de travail de l’armurerie, entre son piano et ses fusils.
Un autre à Lucca
La maison natale de Puccini à Lucca a également été transformée en musée. On peut y admirer notamment le piano à queue que le compositeur a acheté en 1901 et qui l'a suivi dans ses différents appartements à Milan, puis dans la villa de Viareggio. Ce serait sur ce piano qu’il aurait composé "Turandot".
Sont exposés également le livret original de "Tosca" avec les annotations de Puccini lui-même, des partitions, ou encore la robe portée lors de la première de "Turandot" au Metropolitan Opera de New York en 1926. Le maestro laisse derrière lui une montagne de trésors: des objets, des mélodies, et surtout des émotions. Son œuvre intemporelle demeure aujourd'hui toujours aussi populaire.
Sujet radio: Catherine Buser
Sujet TV: Théo Jeannet
Adaptation web: mh