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"No Pasarán", titre et clip controversés de rappeurs contre le Rassemblement national

Des manifestants défilent contre le Rassemblement national à Besançon, en France, le 22 juin 2024. [Hans Lucas via AFP - ROMAIN COSTASECA]
Des manifestants défilent contre le Rassemblement national à Besançon, en France, le 22 juin 2024. - [Hans Lucas via AFP - ROMAIN COSTASECA]
Publié le 1er juillet, le clip "No Pasarán" enchaîne, sur des images d'archives, les couplets de vingt rappeurs français de différentes générations. Souvent virulent, voire insultant, il est censé dénoncer l'extrême droite et inciter les jeunes à voter avant le deuxième tour des législatives le 7 juillet.

Titre-fleuve de neuf minutes quarante-trois, "No Pasarán" réunit vingt rappeurs français de plusieurs générations comme Akhenaton, Pit Baccardi, Soso Maness, Demi Portion, Zola ou Kerchak et s'inspire notamment du slogan des républicains espagnols contre le fascisme de Franco.

Colérique, virulent, voire insultant et misogyne, le propos doit servir à mobiliser la jeunesse à s'inscrire sur les listes électorales et/ou voter contre l'extrême droite incarnée par le Rassemblement national de Marine Le Pen et Jordan Bardella lors du deuxième tour des législatives ce dimanche 7 juillet 2024. Les revenus générés par le morceau seront reversés à la Fondation Abbé Pierre, indiquent les DJs et producteurs Touhami et Kore à l'initiative du projet.

"L'heure est grave. Lorsqu'on apprend que le premier parti des jeunes, c'est le RN, si on ne réagissait pas, ce serait une faute grave de notre part (...), c'est notre façon de tracter", a déclaré Ramdane Touhami à l'AFP.

Le rap redonne de la voix contre l'extrême droite

Contrairement à l'après-premier tour de la présidentielle française de 2002 qui voyait Jacques Chirac faire face à Jean-Marie Le Pen et les milieux artistiques multiplier les appels à voter contre le Front national (FN), le monde du rap ainsi que d'autres sphères culturelles ont plutôt été inaudibles depuis l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale et la tenue d'élections législatives anticipées.

Depuis le 1er juillet, le rap s'est donc enfin fait entendre avec les vingt couplets du titre "No Pasarán" qui a déjà été visionné et écouté plus d'un million de fois. La réaction de l'extrême droite ne s'est pas fait attendre non plus. "J'espère que le parquet va se saisir de cette abjection", a tweeté Marine Le Pen sur X, reprenant quelques passages du morceau contenant des injures à son égard ou celui de Jordan Bardella, dont "Jordan, t'es mort" faisant référence dans la vidéo aux propos du champion de MMA Cédric Doumbé adressés à son adversaire Jordan Zébo à l'issue d'un combat.

"Le meilleur du rap... contre le pire de la politique"

"Aux grands mots les grands moyens", écrit le collectif dans la description du clip évoquant "le meilleur du rap... contre le pire de la politique". Le titre exact de la vidéo, "No Pasarán - 20 rappeurs en 9'43 contre le RN", évoque aussi le morceau "11'30 contre les lois racistes" qui réunissait en 1997 entre autres Akhenaton, Passi ou Stomy Bugsy.

Dans ce qui pourrait ressembler à une version réactualisée de "La jeunesse emmerde le Front national", Akhenaton conclut pourtant assez sagement, en scandant accablé que depuis quarante ans "rien n'a changé, je préfère la main tendue au bras tendu".

Olivier Horner

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