"Nosferatu", le classique du cinéma allemand expressionniste réalisé par Friedrich Wilhelm Murnau en 1922, n'est autre qu'une adaptation à peine déguisée du roman "Dracula" de Bram Stoker publié en 1897. Cette version alternative du célèbre roman de vampire, qui a bien failli disparaître pour des raisons juridiques, a fait l'objet d'un remake de Werner Herzog dans les années 1970 et revient aujourd'hui pour la troisième fois dans les salles obscures grâce au cinéaste américain Robert Eggers.
Un film qui inspire les compositeurs
La musique originale du film de Murnau est signée Hans Erdmann. Longtemps imaginée perdue, elle a été reconstituée dans les années 1980. Cette partition ne sera pas la seule à accompagner les projections de "Nosferatu", car comme tout bon classique du cinéma muet, le film de Murnau inspire les musiciens au fil du temps.
C'est le cas de James Bernard, compositeur britannique et spécialiste du film d'horreur, à qui l'on doit les meilleures pages musicales de la Hammer, studio de production qui, dans les années 1960 et 1970, a aligné les succès ("Dracula", "La momie" ou encore "La créature de Frankenstein"). Dans les années 1990, James Bernard est invité à composer la nouvelle partition pour le "Nosferatu" de Murnau. Une occasion de revisiter le modèle orchestral qui a fait la gloire de la Hammer.
Dans les années 1970, un premier remake de "Nosferatu" par le cinéaste allemand Werner Herzog voit le jour. Dans le costume du comte Orlock, l'acteur Klaus Kinski donne une interprétation qui fait date. Pour la musique, le réalisateur fait appel au groupe Popol Vuh. L'ambiance musicale est différente et s'ouvre à la modernité. L'orchestre est abandonné au profit de vocalises et d'électronique.
Un film d'horreur et d'amour tragique
"Nosferatu" traverse les âges et ne cesse d'inspirer les artistes qui souhaitent traduire en musique l'incarnation du mal absolu. En cette fin d'année, c'est donc Robert Eggers qui vient à son tour explorer le territoire cinématographique hanté par le comte Orlock. Une version moderne sur laquelle le cinéaste travaille depuis près de dix ans et pour laquelle il a engagé le compositeur Robin Carolan. Le challenge pour les deux hommes: faire de "Nosferatu" un film d'horreur, mais aussi d'amour tragique.
Au sein de cette nouvelle partition traversée par les effets d'orchestre dissonants, Robin Carolan laisse échapper quelques envolées lyriques déchirantes évoquant le terrible destin du personnage de Ellen Hutter, livré à la merci du comte Orlock.
Une autre nouvelle version musicale
Cette version moderne et revisitée de ce classique du cinéma est attendue le 25 décembre dans les salles. En parallèle, un autre maître de l'horreur musicale, Christopher Young, s'est attaqué au mythe "Nosferatu" en écrivant une nouvelle partition pour le film original de Murnau. Le compositeur de musiques de film américain, qui a construit une bonne partie de sa carrière dans le cinéma fantastique, décide donc de proposer sa propre vision musicale avec orgue et orchestre.
Une aventure que Christopher Young mène en Suisse, avec l'aide de l'Orchestre de la Tonhalle de Zurich. Véritable ode au cinéma d'épouvante, cette nouvelle partition rend un parfait hommage au sous-titre anglophone du titre de Murnau: "Nosferatu, une symphonie de l'horreur". Un album sorti en novembre chez Warner Classics qui s'ajoute aux nombreuses autres créations inspirées par ce personnage culte du cinéma d'horreur.
Sujet radio: Pascal Knoerr
Adaptation web: ld
"Nosferatu" de Robert Eggers, avec Bill Skarsgård, Lily-Rose Depp et Willem Dafoe. A voir dans les salles romandes dès le 25 décembre 2024.
"Nosferatu, une symphonie de l'horreur" de Christopher Young, avec Saya Hashino, Frank Strobel et l'Orchestre de la Tonhalle de Zurich (Warner Classics). Paru en novembre 2024.