Plus de 200 musiciens américains signent une lettre ouverte pour que l'IA soit mieux encadrée
Le progrès de l’IA est implacable: en seulement quinze secondes, cette technologie accessible à tous, tel que le logiciel Suno.ai, permet de générer un morceau, de style R’N’B et rap français.
Il existe désormais une multitude de logiciels qui peuvent également générer des images et des vidéos saisissantes à partir d’un simple texte. Certains permettent même d’écrire dans le style de Margaret Atwood, l’autrice de "La Servante Écarlate".
Le cri d’alarme des musiciens
Dans une lettre ouverte diffusée mardi, plus de 200 musiciens américains de renom ont donc exprimé leurs inquiétudes, déclarant que l'IA menace de "détruire l'écosystème de la musique".
"Nous devons nous protéger contre une utilisation prédatrice de l'IA pour voler les voix et les ressemblances des artistes professionnels, violer les droits des créateurs et détruire l'écosystème de la musique", écrivent aussi Katy Perry, Norah Jones, Camila Cabello, et les héritiers de Bob Marley ou de Frank Sinatra dans cette lettre ouverte portée par l'organisation Artist Rights Alliance.
"Nous demandons à toutes les plateformes de musique numérique et à tous les services musicaux de s'engager à ne pas développer ou déployer de technologies, de contenus ou d'outils de génération de musique par l'IA qui sapent ou remplacent l'art humain des auteurs-compositeurs et des artistes, ou qui nous privent d'une juste rémunération pour notre travail", peut-on encore lire dans cette lettre signée également par les groupes Pearl Jam et REM.
Les artistes décédés au cœur de la controverse
Cette lettre cible également les entreprises qui développent des outils d’intelligence artificielle générative, comme ChatGPT. Leur développement fait craindre de nombreuses menaces sur la création artistique, avec la possibilité notamment de répliquer des voix célèbres.
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Selon les signataires de la lettre, l'intelligence artificielle recèle "un potentiel énorme pour faire progresser la créativité humaine", mais "certaines des plus grandes et puissantes entreprises sont en train d'utiliser sans notre autorisation notre travail pour former des modèles d'IA".
Les défis liés à l’IA sont donc multiples, ils englobent des aspects légaux, éthiques, créatifs, sans oublier la dimension philosophique qui engendre la crainte ancestrale de voir l’homme remplacé par la machine. Il est à noter que les dirigeants de la tech et les scientifiques lancent régulièrement des alertes sur les risques inhérents à l’utilisation de l’IA.
"L’ELVIS Act" du Tennessee
Le mois dernier, l'Etat du Tennessee – l'un des centres névralgiques de l'industrie musicale grâce à Nashville – a été le premier aux Etats-Unis à adopter une loi visant à protéger les professionnels de l'industrie musicale contre les menaces de l'IA avec son "ELVIS Act" ("Ensuring Likeness, Voice, and Image Security Act").
La loi, qui entrera en vigueur le 1er juillet et a été saluée par des acteurs de premier plan de l'industrie musicale, interdit notamment que les outils d'IA générative reproduisent la voix d'un artiste sans son consentement.
Une législation similaire est en cours d'examen au niveau fédéral, au Congrès américain et dans plusieurs autres Etats.
Le géant de l'industrie musicale Universal Music Group a cité l'IA comme l'un des facteurs de rupture de ses négociations avec le réseau social TikTok, qui a abouti au retrait de la plateforme de la musique des nombreux artistes d'UMG.
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Sujet radio: Miruna Coca-Cozma
Adaptation web: agences/miro