Cette année au Paléo, foin de concert symphonique ou d'oeuvre du répertoire classique et place à l'opéra! Pour son traditionnel rendez-vous classique du dimanche après-midi, le festival nyonnais s'est offert le ténor star Roberto Alagna, accompagné de trois chanteurs connus en Suisse romande, la mezzo-soprano Marina Viotti, le basse Rubén Amoretti ainsi que la soprano Diana Lamar.
Alagna, qui chantait à ses débuts dans les cabarets parisiens, a fêté en 2023 ses soixante ans. Son impressionnante carrière s'étale sur près de quarante années émaillées d'une nombreuse discographie. Sur la scène de Paléo, il retrouve le chef italien Giorgio Croci, avec qui il a enregistré son album à paraître en septembre et intitulé sobrement "60". A l'occasion du concert "Roberto Alagna & Friends" proposé à Nyon, le maestro dirige le Sinfonietta de Lausanne et un choeur spécialement formé pour l'occasion qu'a préparé Pascal Mayer.
Le pari était osé, tant ce répertoire est parfois exigeant aux oreilles peu habituées au classique. Alternant les morceaux connus pour solistes ou choeur ("Casta Diva" de Bellini ("Norma"), "Va Pensiero" de Verdi ("Nabucco"), "L'air du toréador" de Bizet ("Carmen") avec des pièces moins célèbres ("Ô souverain, Ô juge" de Massenet ("Le Cid"), "Au fond du temple saint" de Bizet ("Les pêcheurs de perles"), le festival poursuit son rôle de pédagogue du classique en proposant à son public une large palette de sonorités.
Peu d'émotion
Habitué des plus grandes scènes d'opéra, le ténor franco-italien Roberto Alagna fait ses débuts au Paléo Festival. Les yeux fermés, il interprète ses airs avec une incontestable agilité, démontrant s'il le faut encore une technique irréprochable. Mais le spectacle manque un peu d'émotion. Sans introduire ses morceaux ni s'adresser au public, le ténor français semble distant.
La communion est venue de la formidable mezzo-soprano Marina Viotti, expressive et bourrée de charisme, qui par deux fois donne des éléments de contexte et présente ses airs chantés en italien, permettant aux spectateurs de mieux en cerner les intentions.
Des airs de fête dans Rossini
La cavatine "Una voce poco fa" de Gioachino Rossini, issue de l'opéra "Le barbier de Séville" prend avec elle des airs de fête, tant la chanteuse est à l'aise sur l'immense scène du festival. Le public, encore clairsemé au début du concert et qui se pressait dans les rares zones d'ombre, se fait plus nombreux et participatif.
Mention également à la basse neuchâteloise Rubén Amoretti, dont l'intensité vocale atteint son paroxysme dans le somptueux "Te Deum" tiré de l'opéra "Tosca", composé par Giacomo Puccini.
Il faut attendre la toute fin du concert pour que Roberto Alagna remercie le public, avant de l'encourager à chanter l'air suivant, "une célèbre chanson napolitaine". Le concert s'achève ainsi sur les notes joyeuses de "Funiculì, funiculà", repris deux fois et chanté en choeur par le public, qui repart vers d'autres cieux musicaux si ce n'est conquis, du moins le coeur léger.
>> A consulter aussi, le dossier consacré au 47e Paléo Festival : Le suivi de la 47e édition du Paléo Festival
Melissa Härtel
Roberto Alagna se produira dans "Fedora" d'Umberto Giordano au Grand Théâtre de Genève du 12 au 22 décembre 2024.
Des figures hypnotiques dans le ciel de Paléo
Un spectacle inédit en Suisse a clôturé dimanche soir la 47e édition du Paléo. Quelque 900 drones ont survolé le festival nyonnais lors d'un spectacle aérien organisé à la place du traditionnel feu d'artifice.
Amaryllis Blanchard, responsable des nouveaux projets du Paléo Festival, a expliqué lundi dans le 12h45 de la RTS que les éléments fondamentaux qui rendent cet événement fédérateur, "où tous les regards se tournent dans la même direction, ont été préservés". Selon elle, c’est également l'occasion de se réunir une dernière fois avant de se dire au revoir.
Ces drones étaient à la fois lumineux et pyrotechniques, c'est-à-dire équipés de feux d'artifice. Ils se sont envolés vers 23h15, avant le concert de Mika en clôture du Paléo sur la Grande Scène.
Durant une quinzaine de minutes, plusieurs formes géométriques se sont succédé dans le ciel de la plaine de l'Asse, mais aussi des images de musiciens et danseurs, des coeurs, des flamants roses et même un "smiley". A la fin du spectacle, les drones ont affiché un "Paléo" dans la nuit, suivi d'un "merci" à l'intention des festivaliers.