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"Touche-moi", les mots à vif et le rock toxique du chanteur genevois Régis

La pochette de l'album du chanteur Genevois Régis, "Touche-moi". [Depositphotos - Clément Lambelet]
"Touche-moi", les mots à vif du chanteur genevois Régis / Vertigo / 7 min. / le 8 octobre 2024
Le chanteur genevois Régis est de retour avec un troisième album baptisé "Touche-moi", du nom de sa reprise personnelle d'une chanson des Lolitas de 1986. Avec sa voix toujours aussi grave et enfumée, le quadragénaire a gravé dix chansons toxiques et poétiques d’esprit rock.

Chez Régis, quatre ans après "L'enfer c'est nous", l'esprit reste rock comme chez ses influences revendiquées qui vont de Suicide à Bashung et Daniel Darc en passant par Jean Bart pour la figure du grand frère genevois.

Musicalement par contre, les atmosphères souvent sombres et poisseuses sont plutôt synthétiques et électroniques, avec des crochets par le dub, le jazz et le hip-hop.

Ces ambiances sonores denses qui collent aux mots coup de poing, mais poétiques de Régis, il les doit à Christophe Calpini et Ladislav Agabekov, deux musiciens et producteurs aguerris de la scène suisse et francophone.

Epoque trouble et noirceur

L'assemblage de ces deux esthétiques forme un répertoire d'une stupéfiante intensité, pour laquelle il n'y avait pourtant pas de ligne directrice, indique Régis dans l'émission Vertigo du 8 octobre: "L'époque a vraiment dirigé les textes nés au moment où sl'on était plongés au milieu de rien durant la période du Covid, sans savoir où l'on allait. Pour les musiques, je me suis surtout laissé guider par les propositions esthétiques de Christophe Calpini et Ladislav Agabekov.

C'est donc l’époque trouble qui confère ainsi une noirceur supplémentaire aux chansons parlées-chantées de Régis par rapport à ses deux premiers albums solitaires, même si l'auteur "estime plutôt qu'il y a plutôt une cohérence, une continuité supplémentaire en termes d'atmosphères avec un fil conducteur qui est la voix, et ce malgré les différences stylistiques".

Un peu d'ardeur au milieu du désenchantement

Au fil de "Touche-moi", le quadragénaire genevois et récent père de famille parle d'amours toxiques, de solitude, de je-m'en-foutisme, de descente aux enfers ou de dédoublement de personnalité avec ce "Doppelgänger" qui lui fait chanter entre autres de manière très gainsbourienne et désinvolte "Toc toc toc qui est là? Je bois avec moi". 

Ailleurs, il s'attache à décrire crûment l'ultraviolence de la société tout en s'offrant une parenthèse plus sensuelle en traduisant littéralement en français le "Sex Machine" de James Brown en "Machine à sexe". Un peu d'ardeur au milieu du désenchantement.

Olivier Horner

Régis, "Touche-moi". Paru le 20 septembre 2024.

Régis en concert à la Datcha, Lausanne, le 7 décembre 2024.

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