L'inadaptation du compositeur n'est pas que sociale, elle repose également sur son comportement qui peut faire peur et que l'on pourrait décrire comme quelque peu "excentrique".
Les premiers troubles se manifestent dès 1865, alors que Bruckner n'a que 31 ans. Il souffre de céphalées insupportables, sans cause précise. Il développe également de nombreux tocs et répète plusieurs fois sans raison les mêmes mots. Mais il a surtout un irrésistible besoin de compter les choses qui se trouvent autour de lui, que ça soit les fenêtres, les boutons de vêtements ou même les étoiles. Dès la fin des années 1860, le médecin de l'asile de Linz est alerté et le fait interner.
Les tocs de Bruckner se manifestent également dans sa manière de composer. On sait qu'il avait l'habitude de compter les mesures de ses partitions et qu'il les organisait selon des schémas numériques. Comme chez Bach, les chiffres prennent souvent dans ses œuvres une valeur symbolique.
Mais il n'y a pas que les tocs qui font de Bruckner un excentrique. Le compositeur est également fasciné par la mort. On dit qu'il était obnubilé par les crimes les plus sordides et par les derniers instants des condamnés à mort. Suite au décès de sa mère, il aurait demandé à un photographe de la prendre en photo et aurait ensuite affiché le cliché macabre dans sa salle de classe.
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Le 11 octobre 1896, Bruckner est en train d'achever sa 9e Symphonie lorsque la mort vient le chercher. Il a 72 ans. Selon son vœu, il est enterré à Saint-Florian sous son orgue. Un tombeau entouré de six mille crânes provenant d'un charnier de l'époque des Huns, découvert lors du creusement d'une crypte.
Un environnement macabre que le musicographe Emile Vuillermoz a décrit en ces termes: "C'est devant ce parterre hallucinant d'orbites vides, de maxillaires saillants et de dents nues que le Ménestrel de Dieu poursuit ses lyriques entretiens avec le Ciel. Une foule sans oreilles et sans yeux monte un garde d'honneur autour du musicien muet dont les chefs-d'œuvre arrivent par bouffée pendant les offices au milieu de cette paix shakespearienne."