Le concert donné par les Sex Pistols, le 4 juin 1976 au Lesser Free Trade Hall de Manchester a été surnommé "le concert qui changea le monde".
Sur scène, quatre londoniens en haillons qui dynamitent des tubes du rock’n’roll et dans le public, une petite centaine de personnes, 40 selon les estimations les plus pessimistes, qui découvrent d’un seul coup la révolution punk.
Dans un sondage réalisé par la chaîne Channel 4, ce concert a été élu le 3e plus important de l’histoire du rock, juste après Woodstock et le Band Aid.
Je jure que j'y étais
Tous ceux qui ont été dans la salle ce soir-là, ou presque, ont joué un rôle clé dans l’histoire de la musique pop. A tel point qu’a posteriori, beaucoup de gens ont déclaré avoir assisté à ce concert. Beaucoup plus en tous cas que le nombre de billets vendus.
Un livre démêle le vrai du faux: "Je jure que j'y étais" de David Nolan, critique anglais.
Le public qui a changé le monde
Ce qui a changé le monde ce n'est pourtant pas le concert, mais les artistes présents dans le Lesser Free Trade Hall. Une salle qui ressemble à l’aula de la salle communale de Manchester: estrade faite pour les discours, des chaises inamovibles et des rideaux latéraux.
C'est dans cet endroit improbable que se trouvent ceux qui ont organisé ce concert, Howard Devoto et Pete Shelley, qui venaient de décider de former les Buzzcocks.
Dans la salle, ce 4 juin 1976, un certain Mark E. Smith, l’âme du groupe The Fall.
Il y avait aussi Peter Hook et Bernard Sumner, qui allaient fonder dans la foulée Warsaw, rebaptisé Joy Division, puis New Order.
Un impact difficile à mesurer
Difficile à dire comment un seul concert ait pu avoir un tel impact sur l'histoire de la musique. Selon les témoignages de ceux qui y étaient, les Sex Pistols étaient excellents sur scène. Ils étaient punk mais ils envoyaient un son très compact.
C'était peut-être un phénomène générationnel, quelque chose qui tient au contexte, à l’état dans lequel la musique était arrivée. La nouvelle génération ne voulait plus du rock progressif, avec ses solos virtuoses et ses morceaux qui duraient 20 minutes.
Maintenant, nous avons l’habitude de voir la musique pop renaître, quel que soit son état de décrépitude… Mais cette première fois-là, on pensait que la pop ne serait peut-être plus jamais excitante, que ça pourrait ne plus changer.
Ce jour-là, Tony Wilson et tous les autres ont découvert que la fin de l’histoire, celle du rock en tous cas, était reportée à plus tard. Et ce qui devait arriver, arriva.
Nicolas Julliard/mcc