L'analyse de l'informaticien américain Ajay Kalia met en rapport trois données: le nombre de fois où chaque utilisateur a écouté tel ou tel artiste, l'âge de l'utilisateur et la popularité de l'artiste.
Résultat: à mesure qu'ils avancent en âge, les utilisateurs dérivent loin des nouveaux goûts dominants de l'époque. Ils ignorent tout, désormais, des personnalités qui peuplent le Top 50.
Coincés par des algorithmes de recommandation
Sami Coll, sociologue à l'Université de Genève interrogé par Le Temps, relève deux problèmes dans ce type d'étude: "elle suggère implicitement que nos facultés cognitives seraient faites de telle manière qu'à partir de 33 ans, on n'a plus la possibilité de faire évoluer nos goûts. (...), or c'est votre trajectoire sociale, plutôt que votre âge, qui vous conduira à être enfermé dans une bulle ou à faire des découvertes."
Ensuite, Spotify et les autres plateformes de distribution basées sur des algorithmes de recommandation "ne sont pas vraiment faites pour nous aider à changer nos goûts. Elles ont plutôt tendance à nous faire découvrir des choses semblables à celles que nous aimons déjà, et à nous enfermer ainsi dans des bulles culturelles", commente le sociologue.
fme
>> Sujet traité dans la revue de presse mercredi sur RTS La Première
Deux comportements différents d'écoute chez les trentenaires
Cette étude statistique, qui date d'avril 2015, vient de trouver un écho sur le web. Elle révèle deux comportements différents chez les utilisateurs de Spotify qui arrivent au milieu de la trentaine.
Le premier montre un retour inlassable aux musiques de leur jeunesse, illustré par l'idée d'un "gel du goût" tandis que le second part à la découverte de nouveaux artistes, reflètant un goût qui mûrit. Ces trajectoires ont en commun de s'éloigner du Top 50.