La dénomination "chant diphonique" désigne une technique vocale selon laquelle une seule personne chante à deux voix: un bourdon constitué par le son fondamental, tenu à la même hauteur durant tout le chant, et une mélodie superposée (une sorte de sifflement du larynx) formée à partir des harmoniques.
Reproduire ces sons n’est pas forcément très difficile, mais les maîtriser au point d’en faire un chant relève d’un art exigeant. Le plus difficile consiste à obtenir un fondamental riche en harmoniques: pour ce faire, le chanteur utilise toutes ses ressources respiratoires, contractant son pharynx et sa musculature abdominale à partir du diaphragme pour faire passer l’air avec une pression très forte sur les cordes vocales. Toute la cavité buccale devient alors caisse de résonance, modelée encore par le mouvement des lèvres.
Sous des formes diverses, on retrouve ce genre de technique vocale à l’état de traditions dans plusieurs endroits du monde, mais c’est en Asie centrale, autour des montagnes de l’Altaï et du Sayan, qu’on rencontre ses expressions les plus spectaculaires. En Mongolie et dans la république de Touva (Fédération de Russie), on l’appelle khöömii, littéralement "le fond du palais" ou "pharynx".