Les Swiss Music Awards célèbrent le retour aux racines

Alors que la France célèbre ce vendredi sa diversité chantée et rythmique aux Victoires de la musique suivies par de nombreux Romands, les Swiss Music Awards fêtent un retour aux racines musicales qui peine à intéresser le public et les artistes de ce côté de la Sarine.

Deux phénomènes l’attestent lors de cette 8e édition. Tout d’abord, le choix du suisse allemand qui devient la langue utilisée par la moitié des artistes sélectionnés, toute catégorie confondue.

Jusqu’à peu, le "mundart" était avant tout pratiqué par les rappeurs attachés au suisse allemand parce que c’est le langage de la rue. Les autres adeptes du dialecte étaient principalement les représentants de la scène rock bernoise, de Züri West à Patent Ochsner. Aujourd’hui, le dialecte a conquis tous les styles musicaux, et même la pop électronique stylée s’y est mise, avec notamment le groupe Jeans for Jesus.

La pop s'enracine dans les traditions

L’autre manifestation de cette suissitude des Swiss Music Awards, et donc de la production nationale que ces prix représentent, est plus pittoresque. Il s'agit de la fusion toujours plus présente des musiques actuelles avec le folklore, la "volksmusik".

En 2008, le rappeur Bligg avait lancé la mode en mêlant hip-hop et folklore appenzellois. Cette année, l’artiste suisse qui a le plus vendu d’albums cette année s’appelle Trauffer, il est sélectionné dans plusieurs catégories. Meilleur album, meilleur chanteur solo.

"Cette année, ces artistes ont tout simplement touché un très large public, notamment Schluneggers Heimweh. Il y a une vraie effervescence autour de ce type de musique auprès d’une population, qui veut entendre l’expression musicale d’une Suisse enracinée dans ses traditions"

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Retour à la patrie

Trauffer figure parmi les représentants de cette vague, de même que le groupe Schluneggers Heimweh, qui est l’autre phénomène de la production discographique suisse. Ce boys band atypique a été créé par Gregor Schlunegger. Ce producteur à succès a soigneusement sélectionné dix chanteurs de musique populaire dans toute la Suisse alémanique, avec qui il a créé une sorte de chorale. Leur registre: un mélange très sucré de pop et de musique populaire.

Ce retour à la patrie ne touche toutefois pas que la pop. On parle depuis quelques années déjà de "Heimatfilme", avec des longs métrages comme "Heidi", "Sternenberg" ou "Mon Nom est Eugène". Autant de films qui défendent les valeurs de l’authenticité, du retour aux racines, le tout filmé dans des paysages de campagne ou de montagnes. Aujourd’hui, on peut donc aussi parler de Heimatpop.

Côté romand, ce retour aux racines reste très marginal. Il n’y a guère que Laurence Revey qui a revisité à sa manière ses racines valaisannes, en recourant parfois au patois. La mise en valeur de l’identité suisse, la suissitude reste un concept creux pour la plupart des Romands.

Michel Masserey/olhor